Né en 1953 à Nantua (France)
Vit et travaille à Saint-Étienne (France)
Jean-Claude Corbin est un artiste français qui a fait d’un matériau peu considéré, le charbon, la matrice et le moteur de sa pratique artistique. Ses œuvres ont été exposées notamment au Salon de la Jeune Peinture de Paris, au Nouveau Musée de Villeurbanne, à l'Hôtel de Ville de Villeurbanne ou encore au Salon de Montrouge. L’artiste a effectué sa formation à l’École Régionale des Beaux-Arts de Saint-Étienne. L’élection du charbon comme matière première de son travail plastique renvoie indubitablement au passé minier de la ville de Saint-Étienne. En effet, la région stéphanoise fut le berceau de l’exploitation de la houille en France, cette roche carbonée sédimentaire plus connue sous son nom générique de charbon. Sa véritable exploitation commence au XIXe siècle, et avant d’être rejointe par les bassins du Nord, la région fournissait la moitié de la production française.
On peut faire l'hypothèse que la pratique de Jean-Claude Corbin est intimement liée à l’identité industrielle et culturelle, à la mémoire collective de la ville où il vit et travaille. Malheureusement peu documenté, son travail se présente néanmoins comme une « œuvre au noir » exploitant dans toute sa diversité les propriétés physiques et chromatiques du charbon. Dans Mémoire engloutie (1987), l’artiste sculpte à même la roche carbonifère qu’il dispose sur un socle recouvert de poussière de charbon. Le titre même de l’œuvre semble faire référence au passé de la région et à la disparition progressive de sa production dans la seconde moitié du XXe siècle. Ce procédé de pulvérisation de la houille est présent dans de nombreuses œuvres de l’artiste. Réduite ainsi en poussière, la matière fossile lui permet de produire une peinture plus gestuelle (Perte de mémoire et Espaces courbes, 1988) comme elle l’autorise à faire des mélanges avec d’autres pigments plus traditionnels comme l’acrylique (Cônes de lumière noire, 1988).
Si l’ère industrielle que symbolise le charbon est convoquée dans son travail, une autre strate, scientifique, se révèle également. Avec ses colonnes de lumière noire symbolisant l’axe du temps et ses intitulés empruntant au langage de la science – « effondrement de la matière », « lumière noire jaillissant de la matière » ou encore « effondrement gravitationnel » – ses œuvres fonctionnent d’une certaine manière comme une démonstration de phénomènes physiques. Jean-Claude Corbin ne cesse ainsi de nous renvoyer dans un autre espace (celui de la matière) et dans un autre temps (géologique, industriel), mettant le spectateur face à une dimension cachée qui pourrait bien être la quatrième.