Né en 1969 à Newton (Massachusetts, États-Unis)
Vit et travaille à Berlin (Allemagne)
Artiste américain, Jason Dodge obtient en 1996 le diplôme de la Yale University School of Art de New Haven après avoir débuté ses études au Malawi en 1990 puis à Florence durant l’année 1991. Dès 1998, il obtient le soutien de la Galerie Casey Caplan à New York qui facilite la diffusion de son travail aux États-Unis. En 1999, il s’installe à Stockholm pour participer à la résidence d’artiste IASPIS (International Artists’ Studio Program in Sweden). À cette occasion, il fait connaître son travail dans des expositions collectives en Suède, en Allemagne, en Belgique mais aussi en Norvège, au Danemark et en Suisse. Il s’installe ensuite à Nice pour participer à la résidence de la Villa Arson durant l’année 2004 et rejoint la Galerie Yvon Lambert en 2007. Depuis, il est régulièrement montré en France dans des expositions collectives (Kadist Art Foundation en 2007 ; CAC Passerelle et La Galerie, Noisy-le-Sec en 2008 ; FRAC Pays de Loire en 2009 ; Le Plateau en 2010 ; IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes en 2012) et La Galerie de Noisy-le-Sec lui consacre une première monographie en France en 2010 (I Woke Up. There Was a Note in My Pocket Explaining What Had Happened).
En 2016, l’IAC lui consacre une exposition conséquente et radicale, intitulée Behind This Machine Anyone With a Mind Who Cares Can Enter [Derrière cette machine tout esprit attentif peut entrer.], titre qui reprend les derniers vers de "Come on All You Ghosts" du poète Matthew Zapruder.
En 2020, Jason Dodge conçoit l’exposition inédite They lifted me into the sun again and packed my skull with cinnamon, produite en six exemplaires et présentée simultanément dans six galeries en Europe et aux États-Unis.
Si le déplacement et la distance sont des notions très présentes dans le travail plastique de Jason Dodge, c’est avant tout la distance « entre les mots et les choses » qui donne du sens à ses installations simples composées d’objets du quotidien assemblés. À première vue, les couvertures pliées et ficelées, les oreillers superposés, les fils électriques, les ampoules allumées ou rassemblées au sol, les flûtes à bec ou les tiges de métal avec lesquels il compose ses installations, ne semblent pas enclins à dire quoi que ce soit sur leur fonction et la raison de leur présence. Mais ce serait omettre la partie littéraire du travail de l’artiste, qui trouve dans la lecture et la poésie en particulier, une source d’inspiration privilégiée. Ainsi, chacune des œuvres imaginées par Jason Dodge est accompagnée d’un mot, d’une phrase ou d’un petit texte qui ouvre un horizon de sens en produisant de la distance entre ce qui est vu et ce qui est énoncé. C’est dans cet intervalle entre l’objet et sa légende qu’opère la poésie de Jason Dodge. Pour les nombreuses versions d’une œuvre qui se présente comme une couverture ficelée au sol, il demande à des tisserands de différents pays de réaliser un tissu avec un fil qui correspond à la distance entre la terre et le ciel au-dessus des nuages, soit à peu près 12 kilomètres. Il leur demande aussi de choisir un fil de la couleur de la nuit.
Au-delà de la notion de poésie, c’est bien la manière dont la poésie s’immisce dans le quotidien qui intéresse l’artiste, car dans son processus de travail « l’invention vient en relation avec des choses qui existent ou des choses que tout un chacun fait dans sa vie quotidienne1 ».
1 Interview de Jason Dodge, http://www.youtube.com/watch?v=K3cfz5zd2EQ