Ramon Guillén-Balmes
Né en 1954 à Cornolla de Llobregat, Barcelone (Espagne) – décédé en 2001 à Barcelone
Pour bien comprendre l’enjeu de la démarche de Ramon Guillén-Balmes, il faut la replacer dans la dynamique de son parcours artistique. De 1973 à 1978, il étudie à l’École Supérieure de Design et Art de Llotja, la plus ancienne école de design d’Espagne dans la province autonome de Catalogne. Tout juste sorti de l’école, il prend part à la formation d’un atelier expérimental en arts plastiques (TEAP) avec d’autres artistes catalans de sa génération. En 1980, sept d’entre eux l’accompagnent dans la fondation du collectif USQUAM, grâce auquel ils produisent un journal, puis des expositions collectives dont Artists From Barcelona. Eight Options, qui s’exportera jusqu’à Denver en 1989. À partir de cette date, il enseigne à l’école d’art Massana de Barcelone.
Très impliqué localement, sa démarche artistique s’inscrit dans une dynamique collective et relationnelle qui se confirmera jusqu’à sa disparition prématurée en 2001. En 2014, une grande rétrospective lui est consacrée à la galerie Nau U de Llotja. Intitulée « Liaisons », l’exposition rassemble pour la première fois plus de trente œuvres de l’artiste dans un même lieu.
Principalement sculpturale, l’œuvre de Ramon Guillén-Balmes est proche des courants conceptuels auxquels il emprunte la primauté de l’idée sur la matérialité. Il utilise le dessin pour figurer son désir d’objet et projeter ainsi des plans accompagnés d’annotations qu’il transcrit ensuite en sculpture. Dans un premier temps, il se réfère volontiers à la notion d’ « inconscient », chère aux surréalistes, et à celle d’ « intuition », pour caractériser l’opération de transcription du désir en dessin, dont résultent le plus souvent des objets de petite taille entretenant un rapport privilégié au corps. Réalisés en bois et en toile, ces objets sont montrés à même le mur sans désir de classification. Rassemblés pour la première fois sous le nom d’« Archéologie d’artiste » dans sa première exposition personnelle en France en 1991, certains de ces objets s’apparentent à des prothèses qui soulignent « la volonté de pouvoir se connecter à l’autre1 ». Cet intérêt pour l’autre est à l’origine d’une deuxième série d’œuvres emblématiques de l’artiste, rassemblées sous le nom de Comandes. À partir de 1993 et à sa demande, des personnes de son entourage lui commandent des objets personnels, pour répondre à un besoin qui touche à l’intime. L’artiste tente ainsi de projeter un design qui réponde au mieux aux caractéristiques physiologiques et psychologiques du commanditaire. Souvent exposée aux côtés du texte de la commande, du dessin préparatoire et d’une démonstration de son utilisation, l’œuvre n’est jamais considérée comme achevée car elle conserve toujours ce potentiel d’être utilisée, son principe actif en quelque sorte.
1 Entretien entre Alberto Caballero et Ramon Guillén-Balmes, dans Fragmentación y nuevos medios, à propos de son exposition au MACBA de Barcelone, 1997.