Né en 1937 à Paris (France) – Décédé en 2015 à Paris
Avec la mort de Denis Roche en septembre 2015, c’est une figure influente, d’écrivain, poète, photographe et éditeur, qui disparaît en France. Parallèlement à ses riches activités littéraires et éditoriales, son œuvre photographique a été exposée dans de nombreuses institutions telles que le Kunstverein de Francfort (1987), la Galerie Maeght à Paris (1991), ainsi que la Maison Européenne de la Photographie à Paris lors d’une large rétrospective en 2001. Les débuts de sa carrière s’effectuent dans le monde littéraire et éditorial. Dans un premier temps, il participe au comité directeur de la revue Tel Quel, tout en assumant dès 1964 le poste de directeur littéraire aux éditions Tchou. À cette époque, il publie également ses quatre premiers livres aux éditions Tel Quel dont Récits complets (1963), un recueil poétique qui fit date. En 1974, il fonde la collection « Fiction & Cie » au Seuil, espace de recherche littéraire et intellectuel fondamental qu’il dirige jusqu’en 2005. Il crée en 1980, avec Gilles Mora, Bernard Plossu et Claude Nori, Les Cahiers de la photographie, une des revues pionnières et essentielles consacrée à la compréhension et à la diffusion du médium.
C’est en 1978, avec Notre Antéfixe, que Denis Roche commence à exposer et publier un travail photographique entamé en 1971 avec le premier cliché de sa femme Françoise surplombant le cimetière de Pont-de-Montvert (12 juillet 1971). Cette image devient un motif récurrent dans son œuvre car Denis Roche décide de la renouveler à plusieurs reprises au cours de sa vie (en 1984, en 1995 et en 2005), ouvrant ainsi une réflexion sur le temps et la mise en scène de soi et de son intimité. À partir des années 1980, Denis Roche qualifie lui-même son entreprise de « photo-autobiographie », une pratique nourrie de ses voyages et de sa vie personnelle, mettant à nu (souvent littéralement) sa relation amoureuse (Auberge de la scierie, chambre 26, Aix-en-Othe, 1987).
Toujours en noir et blanc, ses photographies couvrent un large spectre de genres (autoportraits, portraits, nus, paysages ou encore natures mortes) autant qu’elles s’autorisent de fertiles expérimentations formelles (surimpressions, juxtapositions, décadrages, jeux sur le flou). Profondément réflexive, sa conception de la photographie ne cesse d’interroger la nature du médium au travers de dispositifs de prise de vue sophistiqués : de la mise en abyme de l’acte même de photographier (21 juillet 1989, Waterville, Irlande, Butler Arms Hotel, chambre 208, 1989) à ses expériences sur planches-contacts (16 juillet 2000, Villiers, 2000), en passant par son obsession pour les reflets et jeux de miroirs qui intègrent l’opérateur (série Giseh Egypte, 1981). Comme un prolongement de son activité littéraire, l’œuvre photographique de Denis Roche n’aura eu de cesse, au travers d’une multiplicité de stratégies « photo-autobiographiques », de chercher les moyens d’une nouvelle écriture de soi.