Né en 1961 à Rumilly (France)
Vit et travaille à Caudan (France)
Diplômé de l’École Nationale de la Photographie d’Arles en 1987, Daniel Challe suit également des études d’histoire de l’art à Grenoble, avant d’enseigner à l’École Supérieure d’Art de Lorient. Il bénéficie de différentes bourses de création et a répondu à plusieurs commandes (en Allemagne, en Savoie, à Saint-Étienne) orientées vers le paysage. Ses œuvres sont exposées, entres autres, lors des Rencontres de la Photographie d'Arles en 2005, au Musée-Château d’Annecy en 2011 et lors des Rencontres de la Photographie du Pays de Lorient en 2013. Daniel Challe est aussi, quand il n’est pas artiste photographe, historien de la photographie. Il a coécrit plusieurs livres autour de la photographie et de la peinture, par exemple sur Les Photographes de Barbizon (en 1999). En 2022, il publie un essai sur le photographe allemand August Sander.
L’artiste commence à travailler sur des « paysages en mutation », soulignant les démarcations et transitions entre le paysage naturel et le paysage investi par l’homme (à Cologne, 1988, en Savoie, 1991), puis entre la culture industrielle déclinante et la culture technologique (Saint-Étienne, 1992). Sans porter de regard critique, il s’attache à l’idée de documenter les expériences que l’on peut faire, dans toute leur diversité. C’est avec ce regard qu’il part ensuite pour l’Amérique Latine, où il cherche à montrer les différences entre l’homme occidental, déraciné, dont le rapport au monde est un rapport aux signes, et une humanité mexicaine en rapport encore très direct avec la nature (Mexique, 1995).
En 1993, il débute également un cycle de « journaux photographiques », se tournant alors vers une photographie plus intimiste, familiale et à dimension autobiographique. La série Journal de Campagne initie ce cycle lié aux territoires intimes du photographe, suivie par les séries Journal de Bretagne/Mané Braz, Journal d'Espagne, Journal de Bretagne/ La Caméra-jouet.
Daniel Challe adopte un processus de travail en trois étapes. Il commence par sélectionner un « objet », en l’occurrence un espace habité de choses, de corps et de gestes. La deuxième phase consiste à faire l’expérience des objets à travers une recherche sensible d‘images : l’image n’est pas là pour traduire une unité visible du sujet mais elle est le fruit d’une perception considérée non pas comme un phénomène fixé dans le temps une fois pour toutes mais comme un état toujours transitoire. Dans un troisième temps, enfin, les images fragmentaires sont articulées en une syntaxe photographique qui veut se situer en amont de tout discours.
Selon lui, la photographie n’est pas le double ou le miroir du monde, mais propose les choses vues à travers une mise en forme du regard, un travail du sens et une interprétation. Si elle est ancrée dans la réalité, elle se fait aussi récit. Pour Daniel Challe, « l’image photographique se situe exactement au carrefour du poétique, de l’éthique, et du politique. Elle nous permet de sentir le monde, de proposer de nouvelles règles de vie, d’agir enfin pour la sphère de la Communauté. » (« Espaces, gestes, fictions », in La Forme d’un monde, Sélestat, Sélest’Art, 1992).