NÉ EN 1976 À AUCKLAND (NOUVELLE-ZÉLANDE)
VIT ET TRAVAILLE À AUCKLAND
Dane Mitchell est diplômé de Carnegie Mellon University de Pittsburgh en 1997 et d’Auckland Institute of Technology l'année suivante ; en 2012 il obtient dans cette même université un master de philosophie. Formé à la sculpture, il réalise ses premières expositions personnelles au début des années 2000, essentiellement en Nouvelle-Zélande. Ses travaux ont depuis été montrés dans de nombreux pays, dont le Japon (Mori Art Museum, Tokyo, 2017), la Belgique (Play Kortrijk, Courtrai, 2018) et dans de grandes manifestations internationales comme la Biennale de Sydney en 2016. En 2018, il expose à l'IAC à l'occasion du projet Otium#3 et représente en 2019 la Nouvelle-Zélande lors de la 58e Biennale de Venise avec le projet Post Hoc.
Le travail de Dane Mitchell s'apparente à la fois à l'art conceptuel et à l'art minimal : les objets qu'il présente sont composés de formes simples et de matériaux industriels, mais font signe vers un ailleurs, un au-delà du regard, et notamment par le langage. Ses œuvres prolongent ces problématiques pour les faire basculer dans le domaine du paranormal, de la croyance. Ainsi il confère du mysticisme à la forme minimale : puisque tout est là, il doit y avoir autre chose. Cet « autre chose » n'est jamais rendu explicite par Mitchell, au contraire il joue de cet espace entre rationnel et irrationnel, entre visible et non-visible, entre science et croyance. À ce titre, la diffusion dans l'espace d'eau traitée à l'homéopathie (Indwelling, 2016) ou de parfums (Iris, Iris, Iris, ou encore Let us take the air, 2015) est symptomatique : les œuvres de Mitchell procèdent d'un monde moléculaire qui reste intangible pour le visiteur. L'eau, l'air, la vapeur se font les vecteurs sensibles de ces « corps subtils » qui agissent sur nous.
Bien qu'il esquisse une sorte d'écart par rapport à une histoire de l'art conceptuel, Dane Mitchell n'oublie pas le tribut dû à ses aînés, comme cet hommage au Socle du monde de Piero Manzoni, Weight of the World [Le poids du monde], daté de 2015, ou avec l'exposition A Guest, A Host (2008), allusion à la formule duchampienne « A Guest + A Host = A Ghost » [un invité plus un hôte égale un fantôme]. Toutefois Dane Mitchell semble rétablir la frontière du mystère, de l'indicible. Lorsque Duchamp dévoile en un jeu de mots, Dane Mitchell réintroduit l'inconnue de l'équation : le fantôme a disparu, conjuration ou invocation ? Pour Cleansed Corner (An Energetic Field) à la Biennale de Ljubljana en 2011, il invite un chamane à nettoyer des énergies néfastes d’une partie de l'exposition, simplement matérialisée par un cordon tendu. Dans l'univers formel autant que spirituel de Dane Mitchell, la notion de seuil a ainsi une importance prépondérante : d'où l'utilisation du verre, de la technique du frottage, ou de la forme récurrente de deux cercles qui se croisent, manifestant la rencontre de « forces invisibles dans des formes concrètes ».