Né en 1975 à Souleimaniye (Irak)
Vit et travaille à Berlin (Allemagne)
Hiwa K s'est formé à l'art de manière autodidacte : par la rencontre d'intellectuels, de musiciens, d'artistes, par la lecture de philosophie et de littérature européenne, et par la pratique de la peinture. Il quitte le Kurdistan irakien à pied pour arriver en Allemagne à l'âge de 25 ans, où il entreprend d'étudier la musique, notamment auprès du célèbre guitariste flamenco Paco Peña. Ce parcours singulier met l'accent dans le travail d’Hiwa K sur la transdisciplinarité, l'amateurisme et la circulation horizontale des savoirs. Ses œuvres ont été montrées notamment à la Biennale de Venise en 2015, à la documenta 14 de Cassel et au KW Institute for Contemporary Art à Berlin en 2017.
Les œuvres d'Hiwa K se ramifient en un réseau d'actes, qui forment la part la plus longue et la moins spectaculaire d'un processus artistique : répétitions, apprentissages, rencontres, conversations – autant de moments que l'artiste choisit de mettre en scène à travers des performances filmées. Si l'on peut parler à son sujet de « réalisme social » parce qu'il s'ancre dans des situations bien réelles, Hiwa K prend soin d'introduire dans son travail un certain décalage, frôlant parfois l'absurde. L'action de This Lemon Tastes of Apple (2011) est filmée lors d'une protestation civile à Souleimaniye, soulèvement qui sera brutalement réprimé. Hiwa K défile dans sa ville natale avec d'autres manifestants, et joue de l'harmonica sur l'air bien connu d'Il était une fois dans l'Ouest, pendant qu'un citron circule de main en main, afin de soulager l'effet lacrymogène des gaz tirés par la police. L’œuvre est créée au cœur même de l’événement, dont l'actualité brûlante est comme mise à distance ou mise en récit par la musique d'Ennio Morricone. La tension réelle de ce moment rejoint celle, fictionnelle et quasi mythique, du film de western. Cette œuvre fait écho à une précédente, With Jim White, Once Upon a Time in The West (2010), performance musicale qui découle des Country Guitar Lessons : entre 2005 et 2011, Hiwa K donne des cours de guitare country à Jim White, un ancien soldat américain devenu concierge à l'Académie des sciences et des lettres de Mayence. Autour d'un même thème musical, l'artiste articule des questions de pouvoir, qui passent par l'acquisition des savoirs ou la répression armée.
Venant d'un pays marqué par la guerre, Hiwa K s'intéresse au devenir des ruines, à la possibilité d'une reconstruction. Pour Nazha and The Bell Project (2007-2015) une cloche est refabriquée en Italie à partir du métal d'armements récupérés en Irak par un certain Nazhad. Par ce procédé d'inversion (pendant la guerre en Europe, des cloches d'église étaient fondues pour faire des armes), l'artiste s'efforce, à l'aide d'un réseau informel, de réparer le trauma généré par la guerre.