Née en 1979 à auckland (nouvelle-zélande)
vit et travaille à brooklyn, new york (états-unis)
Kate Newby réalise depuis le début des années 2010 des œuvres façonnées à la main, agencées à l'occasion d'interventions in situ. Diplômée, depuis 2015, de l'Elam School of Fine Arts de l'université d'Auckland, elle reçoit le prestigieux Walters Prize en 2012. Ses œuvres ont été exposées internationalement, notamment à la Kunsthalle de Vienne (2018), à Madragoa, Lisbonne et à l'Institut d'art contemporain, Villeurbanne (2019) ou encore à Feuilleton Los Angeles (2020). Elle a participé à la 21e Biennale de Sydney en 2018.
Les sculptures de Kate Newby, qui vont du monumental à la miniature, usent d'une grande diversité de matériaux souvent bruts : béton, grès, céramique, verre, argent, bronze, cuivre, bois, soie, etc., qui sont travaillés de manière artisanale pour créer des briques, des tuiles, des vitres, des accumulations d'éléments suspendus comme des carillons éoliens. Dans ses installations pensées à l'échelle de l'espace d'exposition, ces éléments côtoient, sans distinction, des petites choses collectées aux abords du lieu (branchages, mégots, morceaux de verres, pièces...). Kate Newby s'inspire également de ses observations de l'environnement urbain, avec une attention toute particulière aux détails et aux traces discrètes témoignant d'usages informels de l'espace public. Ce repérage, dont elle tient un « journal photographique », lui permet d'amorcer une conversation avec un lieu, dont elle exploite les caractéristiques architecturales les plus imperceptibles. En prélevant des matériaux localement, Kate Newby leur donne le statut de documents – au sens archéologique – en ce qu'ils apportent des informations plus sensibles qu'intelligibles sur un lieu géographique donné.
Lors de ses interventions in situ, Kate Newby s'attache à révéler les aspects propres à la spatialité du lieu (lumière, chromatisme, pesanteur, circulation, dimensions). Le rapport du sol au plafond par exemple est souligné par un tuilage vertical (If Only I Live Closer, 2019) ; la transparence des vitrages est remplacée par du verre translucide troué et comme fondu (I Screamed "I Was There!!", 2019). Pour l'installation I Can't Nail the Days Down [je ne peux fixer les jours] (2018) à la Kunsthalle de Vienne, l'artiste place dans le jardin extérieur de la salle d’exposition, une sorte de drain, ou de gouttière en tuiles, faites à la main et enfoncées en quinconce dans le sol. L'argile employée pour les tuiles provient des travaux en 1970 du métro de Karlsplatz à Vienne ; des rebuts divers (mégots, branches, etc.) incrustés dans l'argile viennent en rappeler l'origine.
Souvent la découverte de l’œuvre se fait progressivement, en parcourant ses différents « chapitres », ce qui crée une narration visuelle invitant à la méditation. Des sillons creusés à même le sol de la galerie affleurent des formes colorées semblables à des coquillages, des éponges, des minéraux comme surgissant des profondeurs d'une très ancienne ère géologique (Wild Was the Night, à l'IAC en 2019). Une migration des formes et des matériaux qui propose un dialogue entre intérieur et extérieur, ouvert et intime, et invite à une rêverie bachelardienne sur notre manière d'habiter l'espace.