Né en 1978 à Tunis (Tunisie)
Vit et travaille à Paris (France)
Né en 1978, Ismaïl Bahri est un artiste tunisien dont la pratique s’attache à révéler, par une multitude de gestes et d’opérations simples, des transformations de la matière et des expériences sensibles à la lisière du visible. Si son corpus d’œuvres se compose également de photographies, de dessins et d’installations, la vidéo reste pour l’artiste l’instrument privilégié de captation de ces micro-évènements et phénomènes naturels. Son travail a été notamment exposé au Centre Pompidou, au Jeu de Paume à Paris ainsi qu’à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe. Ses films, quant à eux, ont été présentés dans des festivals de cinéma prestigieux tels que l’IFFR de Rotterdam ou encore le FID à Marseille.
Après avoir effectué ses études à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis,
il quitte la Tunisie aux débuts des années 2000 pour Paris. Il y rédige une thèse portant sur la fragilité et l'éphémère dans l'art et obtient en 2006 un Doctorat en Arts et sciences de l’art à l’université Paris I Sorbonne. Une de ses premières installations et vidéos, intitulée Coulée douce (2007), met le spectateur face un phénomène quasi imperceptible auquel son œil doit s’accoutumer : des gouttes d’eau glissant de manière continue le long d’un fil à coudre et formant à terme une flaque au sol. L’élément liquide, récurrent dans son travail, se retrouve dans la vidéo Orientations de 2010 où l’artiste filme sa déambulation dans la ville de Tunis en cadrant un verre rempli d’encre noire tenu à bout de bras.
À l’image de cet écran noir captant lumière et images de la ville, les dispositifs simples d’Ismaïl Bahri sont autant d’enregistrements d’une expérience sensible. Dans Ligne (2011), l’artiste filme en gros plan une goutte d’eau sphérique déposée sur une main. La caméra concentre dès lors son attention sur cette goutte et observe comment celle-ci palpite au contact du pouls humain. Le travail d’Ismaïl Bahri s’attache à restituer des phénomènes les plus quotidiens dans leur déroulement tout en révélant la poésie latente. Les éléments naturels comme le vent ou le feu jouent souvent un rôle central dans ses dispositifs filmiques, comme lorsqu’une feuille de papier obstrue l’objectif de la caméra mais vibre et ouvre l’image au contact de l’air (Eclipse, 2013-2014), ou bien lorsque le feu consume peu à peu une feuille de papier par son centre (Source, 2016).
En portant leur regard sur ce que l’on croit connaître et sur ce qui est en train de se faire, les œuvres simples et énigmatiques d’Ismaïl Bahri nous proposent une expérience poétique de la lenteur et de la matière même des choses.