Née en 1982 à Zagreb (croatie)
Vit et travaille à Bruxelles (belgique)
Hana Miletić a étudié la photographie à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, dont elle sort diplômée en 2009. Elle est néanmoins connue depuis plusieurs années pour ses installations axées autour du tissage et plus généralement des matériaux textiles. Son travail a fait l'objet de plusieurs expositions personnelles en Belgique – notamment au WIELS à Bruxelles en 2018 – mais également en Croatie (Apoteka, Vodnjan en 2019), au Kosovo (LambdaLambdaLambda, Pristina en 2019) ou encore à Londres et Berlin. En parallèle de ses expositions, elle organise régulièrement des ateliers ouverts, des performances ou des lectures.
À l'origine des œuvres de Hana Miletić, il y a souvent une photographie ; elle décrit ainsi son modus operandi : « Je me promène dans la rue et photographie des choses pour constituer une sorte de carnet de notes photographiques, que je matérialise ensuite sous des formes totalement différentes, comme des livres, des performances ou des installations1 ». Les environnements urbains regorgent de détails qui retiennent l'attention de l'artiste, comme des réparations artisanales sur les voitures, des objets rapiécés au scotch, des parties de bâtiments recouvertes de bâches. Mais la rue est surtout un prisme d'observation de la société, de ses mutations comme de ses résistances, le lieu où s'exprime le politique de manière illisible, cryptée. Il s'agit pour Hana Miletić, lorsqu'elle reconstitue ces fragments de réel, de leur redonner sens, et en quelque sorte de ré-agencer le chaos sociétal suivant son propre cheminement éthique et esthétique.
Pour la série Softwares [Logiciels] (2018, en cours), elle introduit dans un procédé mécanique – le tissage au métier Jacquard, ancêtre du programme informatique – une dimension artisanale, créant des motifs altérés ou bien sublimés par le travail de la main. Avec Precarious Pavilion [Pavillon précaire] la grille de transparence d'un logiciel transposée au textile devient rideau (gage d'intimité) ou drapeau (signe de ralliement).
Très impliquée sur les questions de genre, Hana Miletić réinvestit la pratique du tissage, historiquement et socialement considérée comme typiquement féminine, pour en revendiquer les implications philosophiques : la lenteur inhérente au tissage, à rebours de la spontanéité photographique, occasionne une réflexion patiente sur la valeur du geste, sa dimension réparatrice, et l'attention portée à ce qui est rejeté (Incompatibilities, en cours depuis 2018). Le tissage se distingue aussi de la photographie, exercice solitaire et presque « héroïque », par la possibilité d'une transmission en actes, d'un partage. Ainsi, en 2017, l'artiste organise un atelier collectif de feutrage, qui aboutit à l'installation sonore et textile txt, Is Not Written Plain. Au-delà de l'objet réalisé, c'est le mode de production qui est vecteur de questionnement et le tissu se fait littéralement
« matière à penser ». Processus sans fin qui explique que la plupart des projets de Hana Miletić sont toujours en cours...
1 Hana Miletić, 2016, interview réalisée dans le cadre de son intervention au Beursschouwburg, Bruxelles : https://www.youtube.com/watch?v=HdoyX-gpfJs