NÉE EN 1974 À CÓRDOBA (ARGENTINE)
VIT ET TRAVAILLE À AMSTERDAM
Irene Kopelman a étudié la peinture à l'Université Nationale de Córdoba en Argentine, puis intègre en 2002 le programme de résidence de la Rijksakademie van beeldende Kunsten à Amsterdam. Elle s'intéresse alors aux représentations scientifiques du paysage des 18e et 19e siècles et collabore dans cette optique avec des institutions et musées d'histoire naturelle dans le monde entier ; ses recherches l'amènent par la suite à travailler directement en milieu naturel. Des expositions personnelles lui ont été consacrées notamment au CRAC Alsace en 2017, au Witte de With Contemporary Art Rotterdam et au MAMAC Nice en 2018, au Museo de Arte Moderno de Medellín en 2021 et à l'Institut d’art contemporain, Villeurbanne, en 2022.
Les œuvres picturales et sculpturales d'Irene Kopelman tendent à abolir le partage entre art et science : loin de renier la représentation, l'artiste la revendique comme médium de connaissance, à travers l'outil élémentaire qu'est le dessin d'après nature. Cette pratique du terrain renvoie à une tradition naturaliste entre volonté d'objectivité et implication subjective. Au crible de ce regard défilent différents objets d'études, renvoyant à différentes disciplines : géologie, botanique, océanographie, microbiologie... articulées par une démarche identique d'observation et de travail « sur le motif », posture commune au peintre moderne et à l'explorateur scientifique. Cette indistinction se traduit jusque dans le titre des projets, qui peuvent emprunter la forme de traités : On Growing [Sur la croissance], On Glaciers and Avalanches [Sur les glaciers et avalanches], On Yellows [Sur les jaunes].
Stratification, prolifération, érosion : la répétition et la mise en série de
« relevés » permet à Irene Kopelman de surmonter le paradoxe d'une représentation figée vis-à-vis d'une nature en croissance et en mouvements perpétuels. Il s'établit une analogie entre les phénomènes de formation terrestre et ceux qui président à l'élaboration de l’œuvre ; ainsi le projet Cardinal Points (2018) restitue, par le moulage, l'échantillonnage de couleurs ou le dessin, les différentes données d'un paysage – sa densité, sa structure, sa végétation. Le geste représentatif qui cristallise ces processus naturels implique également un travail sur le cadre : choisir et isoler une partie d'un paysage renvoie à l'ensemble par la construction mentale d'un hors-champ. Les grandes toiles de la série On Growing (2018) font ainsi émerger, par leurs entrelacements graciles, la complexité du végétal autant que sa fragilité.