Née en 1981 à Genève (Suisse)
Vit et travaille à Genève
Pauline Julier est artiste et cinéaste, passée par l'École Supérieure de la Photographie d'Arles (2007) et par Science Po Paris dont elle intègre en 2016 le laboratoire en arts et politique (SPEAP) fondé par Bruno Latour. Ses films ont été présentés lors de festivals internationaux, tels que Loop Barcelona, l'Internationale Kurzfilmtage à Oberhausen, le Festival Hors piste au Centre Pompidou à Paris et le Festival Visions du réel à Nyon. Son travail a fait l'objet d'une exposition personnelle au Centre Culturel Suisse à Paris en 2017 et à l'Institut d’art contemporain, Villeurbanne, en 2022. Lauréate du Swiss Art Award en 2021, elle participe avec Clément Postec au programme Mondes nouveaux du Ministère français de la culture.
Pauline Julier aborde le cinéma sous l'angle de la recherche, qu'elle soit scientifique, ethnographique ou historique. Ses projets menés sur le long terme se déclinent en films, performances, installations ou éditions qui prennent forme en fonction du contexte de restitution. Elle questionne ainsi les images produites à partir d'un certain regard sur le monde, évoquant une « stéréotypie des
images1 », notamment documentaires. Naturales Historiae [Histoires naturelles] (2019) dresse, à travers des chapitres éloignés dans le temps et dans l'espace, une sorte d'inventaire des destructions. Le film convoque autant Pline l'Ancien que les Histoires du cinéma de Jean-Luc Godard, par l'usage de différents dispositifs « imageants » propres à la matérialité du film. En partant de l'image d'une forêt fossilisée découverte en Chine, véritable archive à ciel ouvert, Pauline Julier met au jour ce qu'elle nomme le « paradoxe
volcanique2 » : détruire tout en conservant, qui pourrait être également une définition de l'image.
Le paradigme de la catastrophe traverse l'histoire du monde et vient percuter notre présent, mettant en crise la notion de progrès et de l'avenir même de l'humanité. Du désert d'Atacama au sol de Mars, en passant par le centre de recherches souterrain du CERN, les histoires de Pauline Julier se fixent à partir de la notion vitale de sol, comme en écho à la question de Bruno Latour : « Où atterrir ?3 ». Au-delà du grand récit catastrophiste, il s'agit de mettre en scène la disparition (du vivant, des traditions et des paysages) éventuellement au moyen de l'artifice et de la narration, afin de nourrir et de recharger l'imaginaire en vue peut-être d'un nouveau décollage.
1 Entretien avec Pauline Julier dans le cadre du séminaire « Que peut le récit ? », organisé par l'ESADMM, le 22/01/21.
2 Idem.
3 Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s'orienter en politique. Paris : La Découverte, 2017.