Née en 1989 à Grenoble
Vit et travaille à Paris
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2014, Laura Sellies est également titulaire d'un master de Création Littéraire de l’Université Paris 8. Elle a longtemps travaillé en duo avec Amélie Giacomini avant de signer des œuvres seule, tout en continuant de s'associer avec d'autres personnes, notamment le philosophe Bastien Gallet. Avec Amélie Giacomini, Laura Sellies a participé à de nombreuses expositions collectives et résidences entre 2014 et 2020. Son travail a par ailleurs été montré à La monnaie de Paris en 2021 et à AlUla (Arabie Saoudite) en 2022. La même année, elle présente un projet d'exposition personnelle à l'Institut d'art contemporain dans le cadre de La Fabrique du Nous #1 / Quels territoires ?
« Collaborative, installative et dramaturgique » : c'est ainsi que Laura Sellies décrit sa pratique. Il s'agit moins d'une addition de médiums variés qu'un agencement organique, une relation singulière qui se trame entre sculptures, pièces sonores, corps en mouvement et films. Ses projets, étendus dans le temps et dans l'espace, sont structurés par la présence discrète mais insistante de l'écriture, la sienne ou celle des autres. Dans ce rapport, le texte n'est pas seulement un script ou un scénario, mais suppose l'invention de récits aux imaginaires hybrides et la possibilité de créer des langages alternatifs. Dans le film Toutes ces filles couronnées de langues (2021), réalisé avec Amélie Giacomini, des femmes isolées sur une île tentent d'inventer, sous forme de chants incantatoires et de signes tracés dans le sable, un langage nouveau, prélude graphique et phonétique à la création de récits encore inouïs.
En-deçà ou au-delà du texte, il y a les corps, généralement féminins : leur présence physique dans l'espace ou sur l'écran de projection, et leur intimité avec des objets-partenaires. Pour Laura Sellies, ce « rapport mystérieux et secret entre des sculptures et des corps qui les animent1 » instaure dans les interstices de la perception un langage muet et rudimentaire, pour qui sait y être attentif. La sculpture peut aussi être un instrument, ou le dépositaire d'une parole, d'une mémoire individuelle et collective déployée dans l'espace (Peuplé de feuilles qui bougent, 2022). Elle agit comme relais et amplificateur de voix enfouies, souterraines. La dimension collaborative prend alors un sens qui dépasse le seul partage de savoir-faire : c'est la possibilité d'élaborer des récits en commun, comme dans un chœur. Une polyphonie « d'histoires d'histoires ».
1 Laura Sellies. Entretien de Laura Sellies avec Anaël Pigeat. Podcast « Phonomaton », saison 1 épisode 24 (22 mars 2021).