Né en 1945 à Paris (France)
Vit et travaille à Paris
François Martin est un artiste français dont la pratique du dessin et de la peinture est à la fois singulière et multiple, conceptuelle et illustrative. Organisée par séries, son œuvre possède aussi bien un caractère protocolaire de par sa production répétitive, voire compulsive, du dessin, tout en ayant pu être qualifiée parfois de « néo-orientaliste » en raison du goût de l’artiste pour les voyages (Grèce, Égypte, Chili, Pérou) et le dépaysement qu’ils font naître. Son travail a notamment été exposé au Mamco à Genève, au Centre Pompidou à Paris, aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles ainsi qu’à PS1 à New York.
Sa vocation pour la peinture vient de la découverte, à l’âge de quinze ans, d’une série de douze natures mortes de Georges Braque sur un calendrier. S’il expose en 1972 à la Galerie G. Delsol à La Rochelle, ce n’est qu’à partir de 1975 que François Martin amorce sa carrière d’artiste et commence véritablement à développer sa pratique. Celle-ci est conceptuelle, comme avec Installation d’herbage (1975) où un mur est recouvert de feuilles à dessin sur lesquelles sont peintes des parcelles d’herbe, ou encore avec les dessins performés de Relevés de sol en 1976. Proche de poètes, écrivains et philosophes, il collabore très tôt avec quelques figures importantes telles que Jacques Derrida ou Philippe Lacoue-Labarthe. C’est néanmoins avec le philosophe Jean-Luc Nancy que le compagnonnage est le plus prolixe et durable. Poncifs (1977), est le titre donné par le penseur à leur première œuvre commune (dont il signe également le texte), à savoir une série de trois-cent douze dessins d’une vingtaine d’objets quotidiens réalisés par l’artiste en quatre jours. Suivront de nombreuses œuvres mêlant peintures ou dessins de l’artiste et mots du philosophe (Larvatus pro Deo, 1978 ; NIUM, 1992), Martin illustrant de temps à autre certaines couvertures des ouvrages de Nancy (notamment La communauté désœuvrée en 1986). Certaines séries fameuses prennent la forme d’un travail protocolaire lié à la contrainte et à la répétition. Pour Le soleil se couche, moi aussi, mille dix-huit dessins ont été réalisés entre le 1er septembre 1995 et le 31 août 1997 sur des cahiers de brouillon d’écolier. La règle était la suivante : « exécuter un dessin pour chaque message trouvé sur son répondeur téléphonique ainsi qu’une feuille monochrome pour chaque jour sans message » (texte de son exposition au Mamco de Genève en 2015). En résultent des dessins proches du gribouillage, des variations autour de certains motifs, un griffonnage presque obsessionnel. Les Early morning coffee drawings (1997) procèdent de la même idée sous la forme de collages libres.
François Martin a également pu exprimer son goût pour le nomadisme par de nombreuses résidences effectuées au cours de sa carrière. Espagnolades, une série de peintures et de dessins datés de 2010 autour de la culture populaire de la ville de Valence en Espagne, résulte d’une de ses résidences les plus récentes à l’Institut Français. Ici, comme précédemment, son travail manifeste une appétence pour l’expérimentation et l’exploration ludique de toutes les techniques de la peinture et du dessin, en ouvrant toujours l’œuvre à la contingence et au hasard.