Née en 1962 à Saint-Rémy (France) – décédée à chamousset (france) en 1995
Sylvia Bossu étudie aux Beaux-Arts de Dijon et y expose pour la première fois en 1988, elle fait alors partie de la « scène dijonnaise » qui rayonne autour des activités du centre d’art Le Consortium (créé en 1977) et du Frac Bourgogne. Mais on la retrouve aussi dans les célèbres « ateliers de l’ARC » au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1992, ou à Berlin en 1993.
Le travail de Sylvia Bossu s’inscrit rapidement dans le paysage des années 1990 en France, où s’impose ce que le critique Nicolas Bourriaud appelle « l’esthétique relationnelle » : l’aspect formel de certaines œuvres ne prédomine pas autant que les relations qu’elles enclenchent (interactivité avec l’œuvre mais surtout avec d’autres visiteurs, ou avec l’artiste). Il précise : « La forme ne prend sa consistance (et n’acquiert une réelle existence) qu’au moment où elle met en jeu des interactions humaines ; la forme d’une œuvre naît d’une négociation avec l’intelligible qui est donné en partage. À travers elle, l’artiste engage un
dialogue1 ». Avec les œuvres de Sylvia Bossu, ce dialogue n’est pas direct, il faut d’abord se risquer à l’inconnu : de curieux dispositifs appellent un corps, ici cinq pèse-personnes reliés à des haut-parleurs (Elle est trop fraîche, 1994), là un projecteur Super-8 relié à une machine à coudre (Omnia, 1991), mais rien ne peut présager de ce qui va arriver. Alors surgit la surprise, souvent violente, parfois délibérément décevante, toujours troublante. Les cinq pèse-personnes, dès lors que le visiteur monte dessus, diffusent par exemple des sons corporels : cris, gémissements, respirations.
Sylvia Bossu confronte volontiers l’individu à la destruction, à l’anéantissement : pour La mangeuse d’images (1992), chacun est invité à détruire ses films personnels en les offrant à une broyeuse. Elle atteint sans doute un paroxysme dans la brutalité avec Au moment voulu (1995) : un hachoir à viande est relié à un pèse-personne de sorte que le hachoir débite de la viande crue lorsqu'une personne monte sur la balance…
L’œuvre de Sylvia Bossu demeure hélas inachevée, l’artiste ayant péri prématurément dans un accident à l’âge de 32 ans. En 2006, elle a remporté à titre posthume le Prix Évelyne Encelot Femmes & Art.
1 Nicolas Bourriaud. L’esthétique relationnelle. Dijon, Les presses du réel, 1995.