Né en 1974 à Annemasse (France)
Vit et travaille à Paris
Dans un texte en préambule à une série de clichés photographiques, daté de 2000, et qui pourrait s’apparenter à un manifeste, Arno Piroud déclare « La ville est mon atelier (…), j’arpente le pavé (…), soudain un endroit m’interdit, (…) je claque un instantané ». Puis il finit par une sentence qui donne le ton et la nature de sa pratique artistique : « Attirer le regard, pointer du doigt, (…), tel est mon combat ». Cet artiste, arpenteur de la ville, étudie d’abord les arts et techniques à l’École des beaux-arts d’Annecy puis le design à l’École nationale des beaux-arts de Lyon dans la section « design d’espace civique » où il obtient un DNSEP en 2000.
Sa démarche artistique s’appuie donc essentiellement sur une pratique de la ville et de l’espace public en particulier, à travers laquelle il cherche à mettre en lumière les points de frictions qui cristallisent les tensions inhérentes à une organisation de la vie en commun. Ses recherches se concentrent sur quatre grands sujets liés à la ville : la sculpture publique, l’usage de l’espace public, la publicité et la marchandisation de l’espace public et, enfin, la surveillance et le contrôle.
Souvent, ses œuvres sont des interventions minimes réalisées à l’aide de matériaux précaires qui perturbent ponctuellement la lecture du lieu qui les reçoit. Par exemple, il dessine des cœurs sur la lampe rouge de tous les feux tricolores de plusieurs villes d’Europe (Les Feux de l’amour, 2001), il réalise des sculptures éphémères en piquant des tomates cerises sur des plots de béton (Ornements, 2007), ou des chamallows sur les piques d’une barre anti-squat (Chamallow, 2006). Régulièrement, Arno Piroud s’empare de motifs issus du monde sportif pour les appliquer à la ville, revendiquant la dimension métaphorique de ses interventions. Il dessine par exemple au scotch deux couloirs d’une piste de course sur le trottoir menant à un métro, et intitule l’œuvre Duel (2006) ou bien un terrain de tennis sur le toit d’un immeuble. Quand il est invité à la BF15 à Lyon en 2004, il s’appuie sur l’imagerie de McDonald pour investir l’ensemble du lieu d’art, détournant de manière ironique le style et l’imaginaire de la marque. Quand il nomme une de ses œuvres David et Goliath (2001), c’est pour décrire un dispositif où une caméra amateur est pointée sur une caméra de vidéo surveillance publique, déplaçant ainsi la légende biblique dans la réalité de la ville. Enfin, plusieurs projets de l’artiste sont consacrés au rôle et à la place de la prostitution dans la cité ; sujet brûlant qui cristallise les tensions liées à la gestion des désirs dans la ville. Une pratique artistique dont le détournement est la principale méthode donc, et la subversion, le but affiché.