Né en 1952 à Minerviu, vit et travaille à Paris et en Corse
Après avoir suivi des cours de cinéma dispensés par Dominique Noguez à la Sorbonne, Ange Leccia réalise dans les années 70 ses premiers essais cinématographiques. À la suite d'un pensionnat à la Villa Médicis, il crée à partir des années 80 des Arrangements sous la forme de face-à-face d’objets industriels. Il commence par ailleurs à enseigner à l’École Régionale des Beaux-Arts de Grenoble où il accompagne une nouvelle génération d'artistes parmi lesquels se distinguent Dominique Gonzales-Foerster, Philippe Parreno et Pierre Joseph.
Dans les années 1990, Ange Leccia présente Mer, Explosions ou encore Fumées, diverses vidéos contemplatives montées en boucle, ainsi que trois films sur l'errance : Île de Beauté, Gold et Malus, réalisés avec Dominique Gonzalez-Foerster. En 1997, il devient professeur à l’École Nationale Supérieure de Cergy puis en 2000, directeur du Pavillon du Palais de Tokyo. En 2005, il réalise La Déraison du Louvre, un court-métrage sur une dérive nocturne livrée à la rencontre de figures picturales animées. L'artiste s'est par ailleurs illustré en tant que vidéaste et scénographe dans les spectacles du chanteur Christophe (avec Dominique Gonzalez-Foerster) et du chorégraphe Merce Cunningham. Il a également réalisé des décors pour l’Opéra de Metz ou les Ballets de Monte-Carlo.
L’œuvre d’Ange Leccia a fait l'objet d'expositions personnelles notamment en 1990 au Magasin à Grenoble, en 1999 au National Museum of Contemporary Art à Oslo et en 2007 au Lieu Unique à Nantes. En 2013, le MAC/VAL (Vitry-sur-Seine, Val de Marne) lui a consacré une exposition monographique, Logical Song, ainsi que le Palais de Tokyo en 2014 avec Jamais la mer ne se retire.
La pratique artistique d’Ange Leccia se focalise principalement sur des images de départ, de cycle, d'émission et de réception afin de mettre en lumière les points de rencontre entre deux choses, au profit d'un ralentissement de notre perception. Profondément fasciné par la technologie comme la marque de son époque, l'artiste se qualifie de «manipulateur d'évidences» et élargit son champ d'investigation au gré du progrès technique tout en s'opposant conceptuellement à l'idée de fabrication.
C’est toujours un sentiment de fragilité qui habite les accrochages de Leccia, entre la simplicité des objets abordés et les dispositifs techniques souvent spectaculaires. L’image elle-même est mouvante, son apparition induit toujours une disparition. Qu’il s’agisse des œuvres antérieures aux « arrangements » (peintures blanches et noires, performances, vidéos, films) ou de celles qui leur ont succédé, toutes dénotent un savoir-faire et des obsessions cinématographiques qui se logent dans la lumière et le temps, l’espace et la mise en intrigue. Jusqu’aux actuels dispositifs filmiques où l’image représente le lieu fascinant d’attitudes et de postures, d’un duel constant sans début ni fin.