Simona Denicolai, née en 1972 à Milan, Italie
Ivo Provoost, né en 1974 à DixmuIde, Belgique
Vivent et travaillent à Bruxelles, Belgique
Simona Denicolai et Ivo Provoost travaillent ensemble depuis le milieu des années 1990. Parmi les nombreux lieux sujets de leurs interventions se trouvent, entre autres, la Fondation Kanal – Centre Pompidou (Bruxelles, 2019), Le Plateau/FRAC Île-de-France (Paris, 2011), Glassbox (Paris, 2004), le Parc Saint Léger – Centre d’art contemporain (Pougues-Les-Eaux, 2003). Simona Denicolai et Ivo Provoost ont également participé à l’exposition collective Yes We Don’t, qui s’est tenue à l’Institut d’art contemporain en été 2011 et a offert un réel éclairage sur leur travail.
En plaçant leur pratique sous le signe du duo, ils annoncent leur intérêt pour l’altérité, pour la friction et l’échange qui peuvent naître de la rencontre avec des personnalités ou des contextes singuliers. Ils cherchent à s’inscrire dans la réalité et la complexité d’un monde contemporain submergé d’informations et d’images, à y prendre une part active et critique. Plutôt que de dénoncer un système ou d’énoncer son antithèse, ils préfèrent « travailler avec », s’appuyant sur un déjà-là pour mieux décaler ou perturber une réalité souvent absurde et générer de nouvelles fictions – une attitude qui n’est pas sans rappeler celle de Marcel Broodthaers, Bernard Bazile ou François Curlet.
Entretenant un rapport particulier avec son environnement naturel, le ver de terre, qui apparaît avec le dessin Earthworm since 2001 (2001), résume avec humour le parti pris des deux artistes. Selon Emmanuel Lambion, le lombric est « pour Simona Denicolai & Ivo Provoost, une métaphore de l’esthétique créatrice et, au-delà, d’une certaine forme d’esthétique de vie. On avance par ingestion, assimilation et excrétion, une vérité ou une évidence qui peut aisément prendre une valeur de métaphore structurelle et globale, à la fois directe et facilement accessible1 ». Ce recyclage et retraitement des informations et situations s’effectuent moins dans le cadre d’une stratégie d’infiltration que sous forme de « micro-actions », qui tentent de contourner les interdits sociaux et politiques. C’est en s’offrant la possibilité de s’approprier des espaces, d’intervenir dans la rue, les médias ou le langage, que leur approche prend une dimension politique. Le public et le privé se rencontrent et se contaminent alors, dans des œuvres qui impliquent l’apparition d’une communauté, à l’image de Revolution Is not a Pique-Nique (2007), une armoire régie par un principe de copropriété temporaire, implantée en pleine forêt ou dans un immeuble HLM.
1 Emmanuel Lambion, « Question de traces, traces en perspectives », in Netwerk Annual 2007, p. 56-71 et 193-196.