Né en 1937 à Madrid (Espagne)
DÉcÉdÉ en 2018 À Madrid
Refusant de continuer à vivre dans l’Espagne franquiste, Eduardo Arroyo s’installe à Paris en 1958. Son art a l’ambition de traiter de politique, notamment de dénoncer le franquisme qu’il a fui. Les tableaux d’Eduardo Arroyo délivrent une histoire à comprendre ou un message à déchiffrer.
Son travail a été mis à l’honneur récemment avec l’exposition Eduardo Arroyo. La force du destin à l’Hôtel des Arts de Toulon, en 2016.
En 2017, pour son 80e anniversaire, la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence lui a consacré une importante exposition (Eduardo Arroyo. Dans le respect des traditions, du 1er juillet au 19 novembre 2017).
En 2020, l’exposition La Comédie humaine. Balzac par Eduardo Arroyo est présentée à la Maison de Balzac à Paris.
En 1963, alors qu’il expose à la 3e Biennale de Paris, il doit censurer – en masquant les drapeaux nationaux qui constituent les fonds des portraits – son tableau Les Quatre dictateurs (1963), où il a représenté sur le même plan Salazar, Franco, Mussolini et Hitler. Cette même année, la censure espagnole contraint la Galerie Biosca de Madrid à fermer son exposition personnelle, un véritable choc qui le décidera à ne plus retourner en Espagne. En 1964, il participe, avec plus de trente artistes de nombreuses nationalités, à l’exposition-événement du mouvement de la Nouvelle figuration (ou Figuration narrative) Mythologies quotidiennes organisée par le critique Gérald Gassiot-Talabot. Il participe avec virulence aux débats qui agitent alors la scène artistique : avec Gilles Aillaud et Antonio Recalcati, il fait scandale en 1965 lors de l’exposition La Figuration narrative dans l’art contemporain avec la série Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, huit tableaux que les trois jeunes peintres ont produits collectivement. Ils s’y représentent en assassins du vieux maître : il s’agit pour eux de s’opposer à un art abstrait ou conceptuel apolitique. Il se livrera par ailleurs à un activisme politique très actif durant les événements de mai 1968. On ne peut néanmoins réduire l’œuvre d’Arroyo à cet aspect contestataire. Fortement autobiographique, l’artiste propose aussi une réflexion mélancolique sur le rôle du peintre dans la société et sur l’exil – série des autoportraits en Robinson sur son île déserte (1965-1966). Au cours des années 1980, fasciné par la ville, notamment nord-américaine, il peint des toiles évoquant New York comme Toute la ville en parle (1982), vision d’une cité nocturne peuplée d’yeux sans visage, de policiers et de malfrats tous aussi menaçants. À partir de 1990, il travaille surtout des visages de face et utilise des médiums variés – séries Golden Girl (1999), Vanitas (1993) et Hermano lobo (1999).