Né en 1935 à Lübeck (Allemagne)
Vit et travaille à Paris (France)
Peter Klasen a été marqué dans son enfance par la guerre de 1939-45 et les bombardements de sa ville natale. Élevé dans un milieu favorable à l'art, il rencontre chez son grand-père (marchand de tableaux, mécène et collectionneur) des artistes qui lui donneront ses premières leçons de peinture. En 1956, il est reçu à l'École supérieure des Beaux-Arts de Berlin. Il obtient une bourse d'études du mécénat de l'industrie allemande en 1959 et en profite pour s'installer à Paris.
Durant les années 1960, les expositions de son travail se multiplient. Peter Klasen est notamment invité à l’exposition L’art vivant 1965-68 à la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, en 1968. Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre une grande exposition en 1971, Ensembles et Accessoires, traversée par le thème du corps et du sanitaire. En 1986, une exposition rétrospective a lieu au Kunstamt Wedding de Berlin, qui présente 25 ans de travail de l’artiste, avec entre autres le début du cycle Mur de Berlin. Le Tri Postal à Lille présente Peter Klasen, rétrospective 1959-2009. En 2011, sa ville natale, Lübeck, lui consacre une première grande exposition, au musée Kunsthalle St Annen. En 2021, il est invité par la Ville de Dinard à l’exposition collective Figurez-vous… Adami, Erró, Guyomard, Klasen.
Peter Klasen devient l’un des fondateurs de la « Figuration Narrative », groupe d’artistes parisiens1 réunis pour la première fois sous cette appellation lors de l’exposition de Gerald Gassiot-Talabot, Mythologies quotidiennes, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1964. Ce groupe s’approprie, tout comme le Pop art et les Nouveaux Réalistes durant cette période, les codes et signes quotidiens de la société de consommation moderne. Au début des années 1960, apparaît sur ses toiles l’image morcelée du corps de la femme qui sera une constante dans son œuvre jusqu’en 1973.
Pour Peter Klasen, l’acte de peindre est d’abord un acte de réflexion : « L’image peinte, une fois isolée de son contexte, produit une rupture totale avec le réel, créant un nouveau lien avec le monde2 ». Ainsi, l’activité de l’artiste est définie comme un acte critique visant à établir un constat de la société en devenir. Durant les années 1960, Klasen confronte dans ses œuvres des fragments de nus (torses, visages, lèvres, etc.) avec des objets (prises électriques, robinets, ampoules, etc.) peints ou collés sur la toile.
Dans ces peintures, la sensualité est détournée par des images « clichés » de l’érotisme et par l’aspect froid et inerte des objets intégrés dans la composition. Cette vision radicale qu’il nous offre témoigne de l’inquiétude de l’artiste à l’égard de l’évolution technique qui menace les libertés de l’individu.
Dans les années 1970-80, Peter Klasen passe de tableaux «binaires», fondés sur la représentation contrastée d’un fragment du corps humain et d’un objet, peint ou intégré, à la représentation frontale et en gros plan d’éléments urbains (grilles, barrières, portes cadenassées, rideaux de fer...). La thématique de l’enfermement s’affirme, avec l’utilisation régulière du néon.
En 1991, inspiré par le cinéaste Samuel Fuller qu’il a rencontré et son film Shock Corridor, Peter Klasen réalise une installation de 100 m2, Shock Corridor Dead End, alors montrée à la Fiac. Cette œuvre monumentale sera présentée de nouveau dans la rétrospective de 2009 au Tri Postal, Lille.
Peter Klasen a développé une iconographie urbaine et industrielle, avant de renouer dans les années 2000 avec l’image fragmentée du corps, tout en poursuivant une esthétique pop et une inspiration fortement cinématographique.
1 Avec notamment : Eduardo Arroyo, Jacques Monory, Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Jan Voss...
2 Peter Klasen, entretien avec Pascale Le Thorel, cité in : Peter Klasen : Œuvres 1959-2009, Actes Sud, Arles, 2009, p. 22.