Né en 1932 à Dresde (Allemagne)
Vit et travaille à DÜSSELDORF (allemagne)
« Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n’ai ni programme, ni style, ni prétention1 ». Nous sommes alors en 1966 et bien que Gerhard Richter soit encore un jeune peintre, il expose avec clarté les enjeux fondamentaux de son œuvre à venir : l’exploration maximale, et même pourrait-on dire l’épuisement, des potentialités de la peinture. Considéré comme une des figures majeures de la peinture contemporaine, Gerhard Richter a vu son œuvre exposée dans les plus grandes institutions muséales internationales (le MoMa et le Metropolitan Museum of Art de New-York, le MAM de la Ville de Paris, la Pinakothek der Moderne de Munich) au gré de nombreuses rétrospectives, et a notamment participé à la documenta 10 de Cassel en 1997, où il présentait son projet Atlas, une colossale archive (entreprise en 1962) composée de plusieurs milliers d’images formant une iconographie hétérogène essentielle à la compréhension de son travail pictural.
En 2005, l'archive Gerhard Richter est établie au Staatliche Kunstsammlungen de Dresde. Cette année-là, il présente une rétrospective majeure au K20, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen à Düsseldorf.
En 2012, pour les quatre-vingts ans de l’artiste, plusieurs expositions sont présentées dans toute l’Europe, offrant une vue d’ensemble de l’œuvre de Richter, comme la rétrospective Panorama à Londres (Tate Modern), Berlin (Nationalgalerie) et Paris (Centre Georges-Pompidou).
Richter écrit beaucoup en même temps qu’il peint. En 1998 est publié un recueil de textes, essais, lettres, manifestes et entretiens de l’artiste aux éditions des presses du réel, couvrant la période de 1962 à 1993 (ouvrage réédité en 2012).
Gerhard Richter a reçu de nombreux prix, dont le Europäischer Kulturpreis Taurus (prix européen de la culture) à Dresde en 2018.
Richter commence sa formation au début des années cinquante à l'école supérieure des Beaux-Arts de sa ville natale, au sein d’une RDA pleinement inféodée au « réalisme socialiste ». Lorsqu’il décide de s’installer à Düsseldorf en 1961, il détruit la quasi-totalité de sa production antérieure et découvre, dans le cadre de ses études à l’Académie des Beaux-Arts, le pop art, l’abstraction, le photoréalisme et l’art conceptuel. Il s’y lie d’amitié avec Sigmar Polke, Konrad Fischer-Lueg (avec lesquels il fonde « Le Réalisme capitaliste » en 1963) ainsi que Blinky Palermo. Au même moment, la fascination nouvelle et décisive qu’exerce sur lui la photographie le conduit à repenser son rapport à la question de la représentation et il commence alors à reproduire des photographies en peinture selon la dénomination « photos-peintures ». La célèbre Ema, nu sur un escalier (1966) ou les 48 portraits présentés à la Biennale de Venise de 1972, fonctionnent comme un inversement du processus classique de reproduction d’œuvres tout en étant une démonstration de virtuosité technique. Après ses peintures de nuages de 1968, Richter engage sa peinture sur la voie de l’abstraction au début des années 1970 et l’organise selon différentes séries où coexistent grilles colorées (des 12 Farben en 1966 jusqu’aux 4096 Farben de 1974), grands monochromes gris (série Grau) et abstraction gestuelle avec les Abstrakte Bilder, qui fonctionnent par superpositions de couches de couleurs arrachées et grattées. À partir des années 1980, sa peinture s’attache tout autant à revisiter et réinterpréter les genres de l’histoire de l’art (portrait, peinture d'histoire, paysage) qu’à rebattre les cartes de la vieille distinction entre abstraction et figuration avec les Photographies Repeintes. Enfin, depuis les années 1960 mais plus généralement à partir de 2000, il réalise de grandes sculptures et structures en verre entretenant un rapport étroit avec le Grand Verre de Duchamp.
1 « Notes, 1966 », Hans Ulrich Obrist (éd.), Gerhard Richter, Textes. Dijon : Les presses du réel, 1995, p. 55.