Né en 1933 à Biella (Italie)
Vit et travaille à Biella
Membre éminent de l’Arte Povera, Michelangelo Pistoletto est l’auteur d’une œuvre traversée par la question du réel et de sa représentation, investigation qu’il mène à travers une grande diversité de médiums tels que la peinture, le théâtre, la photographie ou le cinéma.Depuis les années 1960, Michelangelo Pistoletto a exposé dans les plus prestigieuses institutions internationales (du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles à la Nationalgalerie de Berlin en passant par le Museum of Modern Art de San Francisco) ; il a été également l’un des artistes de l’exposition mythique d’Harald Szeemann When attitudes become form (Berne, 1969). La cinquantième édition de la Biennale de Venise lui a décerné, en 2003, le Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre.
Ayant débuté sa formation à l’adolescence par un apprentissage dans l’atelier de son père, peintre et restaurateur de tableaux, Michelangelo Pistoletto fréquente par la suite une école de dessin publicitaire. Ses premiers tableaux, qui datent du milieu des années 1950, sont des autoportraits et sa problématique d’alors est d’en « abstraire » les fonds : cette première tentative d’articuler dans une même œuvre les dimensions temporelles et existentielles de l’art débouchera sur des tableaux comme Autoritratto dorato [Autoportrait doré] et Autoritratto argentato [Autoportrait argenté] de 1961. Dès l’année suivante, il commence à utiliser des surfaces réfléchissantes et réalise ses premiers Quadri specchianti [Tableaux miroirs] : la silhouette du personnage est obtenue par report photographique appliqué sur une surface d’acier brillante – l’utilisation de miroirs remplacera plus tard l’acier poncé – lui permettant de se réfléchir dans le présent grâce au reflet fortuit et aléatoire d’images venues de l’environnement extérieur, dont celles des spectateurs. Une de ses œuvres les plus célèbres, Un Mètre Cube d’Infini (1966), consiste en un cube composé de six miroirs dont la surface réfléchissante est tournée vers l’intérieur. Certaines œuvres comme La Venere degli stracci [La Vénus aux chiffons] (1967) – une reproduction en plâtre de la figure sculpturale classique de la Vénus adossée à un tas de vêtements usagés – s’inscrivent pleinement dans l’esthétique « pauvre » prônée par le mouvement italien. Entre 1968 et 1970, Pistoletto anime le Gruppo Zoo [Groupe Zoo], un atelier pluridisciplinaire ouvert aux artistes, aux metteurs en scène, aux intellectuels, aux poètes et au public : fondé sur le concept de collaboration créative, chacun devenant un miroir pour l’autre. En 1975, il réalise la série des douze expositions des Stanze [Les Chambres] et celle des Divisione e Moltiplicazione dello specchio [Division et multiplication du miroir]. Dans la première, il donne forme à la question du temps en introduisant des lieux et des événements intérieurs ou extérieurs à l’objet artistique et au monde de l’art ; dans la seconde, il explore et théorise les dimensions spirituelle, scientifique et philosophique du miroir. Dans les années 1980, avec ses Monumenti, l’artiste aborde la sculpture comme autant de reconstructions de fragments de la mémoire collective et individuelle aptes à faire irruption dans la réalité. Le cycle Poetica Dura [Poétique dure] poursuit d’une certaine manière cette idée en utilisant des fragments, physiques ou conceptuels, de sa propre œuvre pour les mettre en forme telle une explosion qu’il reflète dans un miroir. Plus tard, en 1994, il développe son Progetto Arte [Projet Art], un cycle ambitieux où l’œuvre de l’artiste devient un espace relationnel entre différentes disciplines et différents individus, s’affirmant aussi comme la matrice de l’activité du centre pluridisciplinaire « Cittadellarte », siège de la Fondation Pistoletto installée à Biella.
En 2011, il est invité par la Biennale de Bordeaux, Evento, à en assurer la direction artistique, et intitule son projet « L’art pour une ré-évolution urbaine ».
En 2014, la Chapelle Saint-Martin et l’association du Méjan à Arles lui consacrent une exposition rétrospective à l’occasion de la publication d’un livre d’entretiens avec l’artiste aux éditions Actes Sud1.
En 2019, pour la 18e édition de la Nuit Blanche à Paris, Pistoletto est invité par l’association Thanks for Nothing à réaliser deux performances, Sculpture de promenade et Troisième Paradis qui intègrent les visiteurs.
1 Alain Elkann, Michelangelo Pistoletto, La voix de Pistoletto : entretiens. Arles : Actes Sud, 2014.