Né en 1948 à Genève (Suisse)
Vit et travaille à Genève (Suisse) et New York (États-Unis)
Peintre, performer, curateur, éditeur, galeriste, John M Armleder est une figure majeure de l’art contemporain, qui a développé une œuvre polymorphe représentée dans de nombreuses collections publiques.
Les débuts en art de John M Armleder (John Michael Armleder, dit) s’effectuent sous le signe du collectif. En 1969, il constitue à Genève, aux côtés de Patrick Lucchini et Claude Rychner, le groupe Ecart, qui développe ses activités dans un local tenant lieu à la fois de galerie, de librairie et de maison d’édition. John M. Armleder y accueille notamment le visiteur avec une tasse de thé, l’invitant à une discussion sur l’esthétique. Durant les années 70, la pratique performative de l’artiste est ainsi marquée par l’esprit néo-dada de Fluxus, qui cherchait à annuler les frontières entre l’art et la vie. Cette séance de tea time constitue également l’une des premières manifestations de ce que Nicolas Bourriaud appellera l’esthétique relationnelle.
Armleder accède à la reconnaissance internationale au cours de la décennie suivante avec les Furnitures Sculptures, œuvres hybrides associant peinture et mobilier et témoignant d’une totale rupture avec le grand récit moderniste de l’autonomie de l’œuvre d’art. Armleder manipule, sans souci de hiérarchie, tableau abstrait, phare antibrouillard, bureau, guitare électrique ou boule à facette, le tout se côtoyant selon un principe d’équivalence généralisée. L’objet utilitaire est élevé au rang de sculpture, moins dans une logique de transgression que de mise à mal de la valeur artistique. Tour à tour associé au mouvement Néo Géo, à l’appropriationnisme ou à la Commodity Sculpture, le travail d’Armleder échappe cependant à toute tentative de classification en convoquant un vocabulaire plastique hétérogène, qui semble souligner l’inévitable réification de l’art, la fatalité de procéder à son propre pastiche. Emblématique de l’ère postmoderne, la démarche d’Armleder affirme la valeur décorative de l’art, le spectateur traversant un environnement spectaculaire, dont les éléments semblent interchangeables et vides du moindre message. Michel Gauthier qualifie cette défiance envers la portée discursive de l’œuvre de « formalisme postmoderne ».
Dans le grand brassage stylistique qui caractérise l’œuvre d’Armleder, la peinture abstraite tient une place essentielle. Il se réapproprie le vocabulaire classique de l’abstraction, ses bandes, cercles ou coulures, et en produit une version édulcorée, son parfait cliché. L’impression léchée de la finition des tableaux et leurs couleurs chatoyantes semblent mettre à distance toute expression personnelle, refoulant ainsi le geste héroïque du peintre, réduit ici à un remplissage de surface. Mélanges de kitsch et d’une désinvolture de dandy, les peintures ne constituent plus qu’un élément décoratif parmi d’autres. Aux alentours de 2000, son travail est marqué pour la première fois par un recours à la figuration sous la forme de têtes de mort, de fleurs ou de méduses.