Né en 1956 à Wuhan (Chine)
Vit et travaille à Paris (France)
Wang Du est un artiste internationalement reconnu dont le travail, composé de sculptures et d’installations monumentales et ludiques, offre un regard critique sur le système médiatique et la société de consommation. Son œuvre a bénéficié de nombreuses expositions dans le monde entier, que cela soit en France, son pays d’accueil (par exemple au Rectangle à Lyon en 2001, au Palais de Tokyo à Paris en 2004, au Lieu Unique à Nantes en 2005, au Consortium à Dijon en 2000 et en 2017), mais aussi à New York, Rome, Hanovre ou Pékin.
Après avoir reçu une formation académique aux Beaux-Arts de Canton, Wang Du devient professeur d’architecture dans les années 1980 et décide de s’engager dans un travail mêlant performances, happenings et conférences. Considéré comme un artiste rebelle par le pouvoir chinois, il écope de neuf mois de prison pour sa participation aux événements de la place Tian'anmen à Pékin. À sa sortie, en 1990, l’artiste décide de s’installer à Paris et découvre alors un environnement nouveau exerçant une influence manifeste sur sa pratique artistique. Frappé par l’omniprésence des images dans la ville, celles-ci deviennent alors la « matière » de son œuvre.
Wang Du traite du flux incessant d’informations dont les médias nous submergent quotidiennement comme d’une « post-réalité », car s’y confondent selon lui monde réel et monde créé par les médias. Ainsi, Réalité Jetable (2000), ensemble de sculptures monumentales suspendues au plafond et réalisées à la faveur d’un séjour de deux mois au Consortium à Dijon, consiste en une traduction en trois dimensions d’images prélevées dans la presse. Les déformations qu’occasionne ce passage de la bidimensionnalité au volume donnent à ces figures polychromes – parmi elles : le président Chirac en compagnie du président chinois, une moto, une boxeuse amputée d’un sein par exemple – l’aspect d’icônes contemporaines un peu monstrueuses. Ce recyclage des images de mass media se retrouve aussi dans son Tunnel d’espace temps réalisé pour le Palais de Tokyo en 2004, où le spectateur s’engouffrait dans un tube sinueux diffusant un chaos d’images télévisées du monde entier. Contraint de consommer du média à outrance, le visiteur se voyait littéralement « recraché » à la fin de son parcours par un toboggan. International Kebab (2008), une installation en forme de tour de papier, participe de cette même volonté de saturation et d’écrasement ; elle évoque, comme son nom l’indique, un gigantesque kebab. À la place de la viande, Wang Du a empilé des milliers d’images quotidiennes de la Chine, captées lors d’un voyage. C'est alors au spectateur de découper des morceaux d’images avec les couteaux mis à disposition et tâcher de saisir une vision, forcément parcellaire, des mutations de la Chine contemporaine.