Joep Van Lieshout
Atelier Van Lieshout
Né en 1963 à Ravenstein (Pays-Bas)
Vit et travaille à Rotterdam (Pays-Bas)
Joep Van Lieshout a étudié le volume et la sculpture à la Kunstakademie de Rotterdam dans les années 1980. Renouant avec les pratiques de sa génération qui se penchent sur les questions récurrentes du paysage urbain et de la ré-interrogation des objets inhérents ou non à ce dernier, Joep Van Lieshout rejoint ceux que l’on pourrait appeler les artistes « participatifs ». Au cœur du social, l’artiste participatif envisage une sorte de pacte avec la société tout en dénonçant les aléas ou les systèmes de précarité qu’elle engendre. L’acte artistique peut alors devenir un enjeu de consolidation sociale, rappelant qu’une meilleure communication entre les individus et un partage du sensible mieux équilibré entre les groupes sociaux favorisent des actions transversales pour un public initié ou non à l’art. Ce même art est alors revendiqué comme étant une sorte de carburant, fluide positif pour les rouages de la vie collective, et ce faisant, se hisser vers la qualité d’un « multiplicateur » de démocratie (cf. Paul Ardenne, Un art contextuel, Paris, Flammarion 2002).
Dès la fin des années 1980, les travaux de Joep Van Lieshout tendent vers ces préoccupations ; en 1995 il fonde « l’atelier » qui porte son nom et insiste sur le lien entre création et mise en place d’une économie spécifique. Avec cette coopérative artistique, située à Keilestraat, dans la banlieue de Rotterdam, Joep Van Lieshout développe un système de production dans lequel la notion
« d’œuvre » devient indissociable de l’objet usuel et de sa propre dimension utilitaire : outils, mobilier, habitacles, aménagements de mobil-home… Également soucieux que le citadin d’aujourd’hui s’initie à la survie en milieu hostile, apprenne à se débrouiller en toutes conditions ou tout simplement puisse bénéficier d’un peu plus de confort, l’Atelier Van Lieshout met par exemple sur pied dans les années 1990 l’opération Saucisson où il s’agissait de se familiariser, pour qui le souhaitait, avec les différentes manières culinaires d’accommoder le porc… Le projet Red Bathroom, salle de bains mobile en libre usage, date aussi de cette période.
Chez Van Lieshout, jamais l’esthétisme de l’objet proposé n’est prioritaire, mais bien plutôt sa dimension collective et autarcique, pour expérimenter le vivre-ensemble. C’est cette optique, avec le développement d’unités de vie, qui préside à différents projets, comme l’AVL-Ville créé en 2001, une sorte d’état libre dans le port de Rotterdam, Sportopia réalisée en 2003 ou SlaveCity initiée en 2005.
Renouant avec les utopies progressistes du 19e siècle et certains mouvements comme Arts and Crafts, l’Atelier Van Lieshout élabore une réflexion et une œuvre alternatives, en prise avec les enjeux sociaux, industriels et écologiques du monde actuel.
En 2013, une rétrospective de l’Atelier Van Lieshout a eu lieu à la Friche Belle de Mai à Marseille.
Il participe en 2022 à la Biennale Internationale d’Architecture de Rotterdam.