Né en 1923 à Budapest (Hongrie)
Décédé en 2020 à Paris
Yona Friedman a suivi des études d’architecture à l’Université des sciences techniques et économiques de Budapest, puis au Technion d’Haïfa en Israël où il travailla comme architecte de 1949 à 1957. Dès ses premiers projets d’habitation, il cherche à se défaire de la responsabilité de la conception en la déléguant aux futurs usagers, procédé qu’il nomme « l’autoplanification ». En réponse aux problèmes démographiques de l’après-guerre et aux enjeux de la période de la reconstruction, il développe à partir de 1953 des projets de structures spatiales sur pilotis, fondatrices du manifeste L’Architecture mobile de 1958 qui définit ces constructions avec les principes suivants : « 1) toucher le sol en une surface minimum ; 2) être démontables et déplaçables; 3) être transformables à volonté par l’habitant individuel ».
Ces structures aux caractéristiques indéterminées lui permettent d’élaborer les principes de la « ville spatiale », organisation urbaine résolument novatrice fondée sur un mode de vie nomade. Yona Friedman déclare à propos de l’indétermination de ses structures : « Le bâtiment est mobile au sens où n’importe quel mode d’usage par l’usager ou un groupe doit pouvoir être possible ou réalisable ». Lors du Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) de 1956, il s’engage dans une remise en question des postulats de l’architecture moderniste qui l’amène à co-fonder le Groupe d’Étude d’Architecture Mobile (GEAM), en 1958, puis en 1965 le Groupe International d’Architecture Prospective (GIAP).
Yona Friedman n’a réalisé que très peu de bâtiments, dont entre autres le Lycée Bergson d’Angers en 1979, expérience réelle « d’autoplanification » menée aux côtés de la communauté enseignante, ainsi que le Museum of Simple Technology à Madras, en Inde, en 1987, réalisé à partir de matériaux locaux comme le bambou. Yona Friedman est par ailleurs l’auteur de nombreux ouvrages (voire de bandes dessinées, et de manuels didactiques pour l’Unesco), parmi lesquels Utopies réalisables, un livre dans lequel il expose ses principaux axes de réflexion et de production architecturale. Ses publications et son enseignement ont exercé une influence notoire sur de nombreux architectes des années soixante-dix à nos jours, particulièrement ceux qui se sont attachés à édifier des projets de nature expérimentale, comme Archigram, transformant de concert le bâti et les modes de vie qui s’y rapportent.
Mais Yona Friedman est également apprécié depuis plusieurs années dans le champ de l’art contemporain pour la multitude de dessins de projets, de représentations tant en plan, qu’en coupe ou en élévation, mais également de maquettes, marquées par des dimensions plastiques (formes de l’intention, de la circulation, rapports de projection, qualités sculpturales, volumétriques, etc.) et une esthétique de la mobilité remarquable.