Né en 1921 à Krefeld (Allemagne) – décédé en 1986 à Düsseldorf (Allemagne)
Reconnu comme un artiste à l'œuvre prolifique, Joseph Beuys est une figure iconique de l’art contemporain des cinquante dernières années. Il étudie à l’Académie de Düsseldorf en 1947 et sort diplômé en 1951. En 1961, il devient professeur dans cette même école avant de se faire renvoyer en 1971. Son travail a été largement diffusé au cours de sa carrière et continue de l'être après sa mort, témoignage de son retentissant engagement tant artistique que politique.
Exerçant son talent dans un ensemble de pratiques diverses (le dessin, la sculpture, la performance, le happening, l'installation...), Beuys explore des thématiques aussi vastes que l'alchimie, le chamanisme, les liens entre la religion et les sciences, l’évolution, la résurrection, l'énergie vitale, la relation de l'individu avec le groupe et le cosmos. On décèle également une forte récurrence de la présence animale, surtout ceux qui ont une signification spirituelle. Dans Wie man dem toten hasen die Bilder erklärt (1965) Beuys verrouille les portes d'une galerie de l'intérieur, laissant les visiteurs l'observer à l'extérieur. La tête entièrement couverte de miel et de feuilles d'or, Beuys commence à parler à un lièvre mort. Chuchotant à l'animal mort sur son bras, il évoque l'exposition, image par image. Dans les années 50, il raconte l'histoire de son sauvetage en 1943. Alors qu'il était pilote pour l'armée allemande, son avion s’écrase en Crimée et il échappe de justesse à la mort. Il est retrouvé par des nomades et recouvert de feutre et de graisse animale, selon une technique ancestrale contre l'hypothermie. Réel ou fantasmé, cet épisode marque certaines de ses œuvres dans l’utilisation de matériaux inhabituels : la graisse, la cire, le feutre sont employés pour leur capacité de transformation au contact de la chaleur. Parmi ses œuvres notables, Fat Chair (1964 – 1985) illustre comment Beuys peut transformer ces matières inconstantes. Créée en 1964, Fat Chair se compose d'une chaise en bois sur laquelle est posé un bloc de graisse animale. La sculpture a subi un processus lent et naturel de décomposition jusqu'en 1985, époque à laquelle la graisse s'était presque entièrement décomposée et pratiquement évaporée. Sa performance la plus commentée reste Coyote : I Like America and America Likes Me (1974). Beuys passe trois jours enfermé dans la Galerie René Block à jouer avec un coyote sauvage, capturé dans le désert du Texas, qui attend derrière un grillage. Il porte son habituel chapeau de feutre et se recouvre d’étoffes, elles aussi en feutre, que le coyote s’amuse à déchirer. Si certaines de ses interventions ou sculptures répondent strictement à une définition de l'œuvre d’art, Beuys s’est également attaché à produire des œuvres moins identifiables.
L’enseignement et l’éducation sont, pour l'artiste, le fondement de la société. Beuys est à l'origine du concept de “sculpture sociale” directement lié à sa fonction de professeur de sculpture à l’Académie de Düsseldorf. Dès son arrivée en 1961, cette singulière sculpture a été activée à de nombreuses reprises, en raison des tensions entre Beuys et l’administration de l'Académie. Il s’oppose régulièrement à sa hiérarchie concernant l'accès à l'enseignement, comme en 1970, en déclarant qu’aucun candidat ne pouvait être écarté sur simple dossier. Devant le refus de l’administration de réviser son mode d’inscription, Beuys décide d’assumer l’enseignement des candidats refusés et de les accueillir dans sa classe. En 1971, Beuys réclame de nouveau l’inscription de tous ceux qui désirent un enseignement artistique. Il change la nature de sa revendication : il crée un nouveau parti, l’Organisation pour une Démocratie Directe qu'il présente sous forme d''un forum pendant sa participation à la dOCUMENTA 5 de Cassel. Art, enseignement et politique ne sont pour l'artiste que les facettes d'une même activité. Malgré ses efforts et un considérable soutien populaire et mondain, Beuys est renvoyé de l’Académie. En 1973, il fonde avec Klaus Staeck, Georg Meistermann et Willi Bongard la Antwerp Free International University, une université libre et sans murs s'opposant au système éducatif traditionnel.