Né en 1939 à Paris – décédé en 2008 à New York
À la fin des années 50, Alain Jacquet s’inscrit à l’école des Beaux-Arts de Paris pour suivre des cours d’architecture. Il rencontre le poète John Ashbery qui le présente à ses amis américains ; « Ce contact avec le monde de l’art m’a définitivement décidé à devenir artiste1 ».
Lors de sa première exposition personnelle, en 1961 à la Galerie Breteau (Paris), il présente les Cylindres, des volumes sur lesquels il juxtapose des taches de couleurs vives. Ces œuvres préfigurent les Camouflages, qu’il réalise à partir de 1962, où s’entremêlent des images empruntées à l’histoire de l’art et des images issues de la culture populaire dans une juxtaposition de couleurs primaires et secondaires. Exposés en 1963 à la Galerie Robert Fraser (Londres) et en 1964 à la Galerie Alexander Iolas (New York), les Camouflages assurent à Alain Jacquet une reconnaissance sur la scène artistique internationale. Souvent assimilé au Pop Art, il s’en éloigne par la distance critique qu’il prend vis-à-vis de ses sujets ; contrairement au travail des artistes pop américains, l’œuvre d’Alain Jacquet « fait exploser les stéréotypes, les images identificatoires de l’histoire de l’art comme de la culture populaire, puis invente, à l’ère de la montée en puissance des images, la méthode qui permet de s’arracher à leur pouvoir de "pétrification"2 ».
En 1964, Le Déjeuner sur l’herbe inaugure la série des œuvres tramées pour lesquelles l’artiste confie à une machine l’exécution de ses tableaux. Cette peinture mécanique se compose de milliers de points grossis qui, en fonction de l’éloignement du visiteur, dévoilent l’image avec plus ou moins de netteté. Le point, qui permet à Alain Jacquet d’aborder l’univers de l’abstraction, devient le véritable thème de son œuvre. En 1969, il s’intéresse à l’écriture Braille, puis, en 1972, à la photographie de la Terre prise depuis la Lune (The First Breakfast), enfin, lorsqu’il peint à l’ordinateur, le point est remplacé par le pixel. Dès lors, le point devient le « symbole/germe de la fragmentation universelle, et non plus le point qui dessine et colore en s’unissant aux autres3 ».
Le Centre national des arts plastiques dispose aujourd’hui d’une large collection des œuvres d’Alain Jacquet ; elle comporte par exemple le Jeu de cubes (1962), Three Color Separation (1968) et Spinning ring (1989). Plusieurs musées d’art moderne et contemporain français jouissent également de collections de ses œuvres (le Centre Pompidou, le MAC VAL ou le MAMC+ de Saint-Éienne par exemple).
1 Alain Jacquet, « Alain Jacquet : le chemin, la voie, la manière d’agir. Entretien avec l’artiste par Sylvie Couderc », Alain Jacquet. Œuvres de 1951 à 1998, Amiens : Musée de Picardie, 1998, p. 70.
2 Catherine Millet, « Alain au pays des pixels », Alain Jacquet. Œuvres de 1951 à 1998, Amiens : Musée de Picardie, 1998, p. 23.
3 Pierre Restany, « Alain, Hélène et le Siddha », Alain Jacquet. Donut flight 6078, Paris : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ARC, 1978.