Né en 1941 à Sheffield (angleterre)
Vit et travaille à PARIS (FRANCE)
Victor Burgin est artiste, écrivain, professeur d’université et théoricien de l’image et de la photographie en particulier. Il est une des figures majeures de l’art conceptuel, dont le travail s’attache à explorer les relations entre le langage et l’image, et plus particulièrement dans le cadre d’une réflexion sur la représentation et les codes sociaux la régissant. Alors étudiant, il effectue une formation en peinture et en arts plastiques au Royal College of Art de Londres entre 1962 et 1965 et poursuit ses études à la Yale University de New Haven, où il suit l'enseignement de Robert Morris et Donald Judd notamment, et dont il sort diplômé en 1967.
Artiste largement exposé à travers le monde (notamment dans des expositions désormais historiques telles que When Attitudes Became Form, en 1969 à la Kunsthalle de Bern et Three Perspectives on Photography en 1979 à la Hayward Gallery à Londres), Victor Burgin est aussi un professeur émérite (passé par le Goldsmith College de Londres, l’université de Santa Cruz et honoré par la Hallam University de Sheffield) et l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages théoriques dont l’influence dans le champ de la photographie (Thinking Photography, publié en 1982) et de la théorie de l’image est aujourd’hui indéniable.
Parmi ses nombreuses expositions dans le monde entier, une exposition rétrospective de Victor Burgin a été présentée au LaM à Villeneuve d’Ascq en 1991.
En 2014 le musée allemand d’art contemporain à Siegen lui consacre l’exposition Forms of Telling.
En 2016, Victor Burgin participe à l’exposition Conceptual Art in Britain 1964-1979 à la Tate Britain à Londres.
Les premières œuvres de Victor Burgin, datant de 1969 et nourries par la pensée structuraliste, s’inscrivent encore dans le sillage de l’art conceptuel et sont uniquement constituées de textes mis en espace, à travers une suite d’instructions écrites et numérotées invitant le spectateur à une exploration de son environnement. Ses quatre énoncés performatifs (This Position..., 1969 ; All Substantial Things..., Any Moment..., All Criteria..., 1970) valent comme œuvres séminales d’une pratique abandonnant tout objet concret au profit du langage. Cette forme linguistique se retrouve aussi dans Narratif Piece (18 propositions) de 1970, dont les propositions écrites créent une structure ouverte incluant la réflexion du spectateur.
L’œuvre de Burgin va progressivement se consacrer aux images mécaniques et numériques. L’image photographique dans un premier temps avec une série de travaux mêlant texte et photographie, à travers un recyclage et une appropriation d’images publicitaires, comme dans Possession (1976). Nombre de ces œuvres remettent en cause l'espace d'exposition traditionnel et développent un thème récurrent, celui d’une critique de la perception de la femme dans l’art et dans la société, ainsi que la manière dont s’articulent formes de pouvoir et sexualité (Zoo 78, 1978). Si Victor Burgin manifeste un intérêt profond pour l’Histoire et la psychanalyse dans des œuvres comme A Grenoble (1981) et Gradiva (1982), le rêve et sa logique d’association se retrouvent aussi dans The Bridge (1984) ou Fiction Film (1991), réminiscences d’images mentales et cinématographiques. L’ordinateur devient dès 1986 un outil de décomposition de l’image dans son travail (Office at Night, 1986), mais c’est en 1993 que l’artiste réalise sa première vidéo, médium qu’il privilégie désormais et qui lui permet de répondre aux différentes invitations des villes exposant individuellement ou de manière collective son travail. Dans ses vidéos, il interroge la mémoire culturelle de chacun des lieux visités, croisant enregistrement patient de l’espace et du temps et faisceau de références cinématographiques, musicales, littéraires et philosophiques. Dans une de ses vidéos Hotel D (2009) réalisée pour l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, à Toulouse, il évoque son expérience personnelle du lieu en deux espaces dissociés, présentant une série d'images de la salle des Pèlerins projetées à l’intérieur même de la salle et diffusant une voix off dans la chapelle adjacente.