Né en 1946 à Vancouver (Canada)
Vit et travaille à Vancouver
Reconnu comme étant l’un des plus grands photographes contemporains, Jeff Wall a effectué des études d'histoire de l’art à l'University of British Columbia de Vancouver entre 1968 et 1973, où il y rédige et soutient une thèse en 1977 sur le mouvement Dada. Entretemps, de 1970 à 1973, il étudie à Londres au Courtauld Institute, puis, de 1974 à 1975, il obtient un poste d'enseignant au Nova Scotia College of Art and Design d'Halifax. Son importante carrière artistique, couplée à une grande production théorique, est amorcée à la fin des années 1960 dans le champ de l’art conceptuel pour finalement se concentrer sur la photographie, ce qui lui a valu d’être exposé dans les plus prestigieuses institutions internationales comme par exemple à la Städtische Kunsthalle de Düsseldorf (1994), au Schaulager de Bâle (2005) ou encore au MoMA de New York et au Art Institute de Chicago en 2007.
En 2018-19, Jeff Wall réalise l’exposition Appearance présentée à la Kunsthalle Mannheim puis au Mudam Luxembourg. Elle présente un large panorama de l’œuvre de l’artiste depuis les années 1970 et donne lieu à un catalogue conséquent.
C’est en 1977 que Jeff Wall commence à travailler sur ses fameux « tableaux photographiques » dont l’ambition assumée est de concurrencer la grande peinture (de Vélasquez à Manet, qu’il a découverte lors d’un voyage de jeunesse en Europe) afin de « peindre la vie moderne ». Ses larges compositions à la mise en scène extrêmement élaborée renouvellent le genre de la photographie documentaire en utilisant acteurs, décors et situations dans une économie de production proche du cinéma. Avec ses Transparencies, à partir de 1978, il est le premier photographe à monter ses tirages Cibachromes de très grandes dimensions sur des caissons lumineux rétro-éclairés par des tubes fluorescents semblables à ceux utilisés pour les panneaux publicitaires.
Inspirée par La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix (1798), The Destroyed Room (1978) est la première photographie célèbre de Jeff Wall ; elle montre un décor similaire à celui employé pour le cinéma ou le théâtre, mais détruit pour la seule fin de sa mise en scène photographique. L’artiste aborde le genre de l’autoportrait un an plus tard avec Double Self-Portrait (1979) et surtout Picture for Women (1979), où il apparaît face à un miroir accompagné d’une jeune femme évoquant le personnage central du célèbre tableau d’Édouard Manet Un Bar aux Folies-Bergères (1880). Storyteller, en 1986, illustre parfaitement, jusque dans son titre, le nouveau tournant que prend son œuvre à cette période. Wall y opère le croisement d’une esthétique proche du réalisme documentaire avec les moyens d’une fiction cinématographique. En résultent des images (de Dead Troops Talk de 1992 à A View From an Apartment de 2004-2005) à la fois hyperréalistes et narratives, brouillant les frontières entre captation sophistiquée du réel et univers totalement fictionnel. Son œuvre tout entière interroge les traditions picturales et les puissances du médium photographique qu’il envisage comme l’égal de la peinture pour « peindre la vie moderne », selon l’expression de Charles Baudelaire qu’il a faite sienne.