Né en 1965 à Mantes-la-Jolie (france)
Vit et travaille à Paris et à Berlin (Allemagne)
Jean-Charles Massera s’est d’abord distingué comme critique d’art dans les années 1990. Soutenant une histoire de l’art contemporain féministe et américaniste, il écrit dans Art Press et Parachute, et plus tard dans la Revue de Littérature Générale animée par Olivier Cadiot. Il collabore avec Vincent Labaume pour France Inter. En tant que commissaire d’exposition, il travaille notamment avec Pierre Huyghe et Thomas Hirschhorn.
Dans France guide de l’utilisateur et dans Amour, Gloire et Cac 40 parus successivement en 1998 et 1999 chez P.O.L, le second degré radical de Massera et son écriture brillante et jubilatoire étonnent. Il énonce les aberrations d’une réalité mordante en mêlant le vocabulaire de Gala et celui de traités économiques.
En 2003, l’auteur rompt avec le champ culturel et intellectuel pour reprendre une carrière cycliste avortée, alors qu’il a près de 40 ans et n’est pas entraîné. Son « personnage », Jean de La Ciotat, s’impose pendant deux saisons sur les courses cyclistes françaises par ses mauvais résultats. Deux livres relateront cette expérience. La radicalité de cette incarnation, la création d’une fiction dans un champ qui ne saurait l’accueillir et l’absurdité apparente du challenge illustrent la méthode de Jean- Charles Massera : plutôt que de simplement critiquer la scène culturelle de son temps et écrire son désenchantement, Massera la confronte effectivement à une autre tautologie, et expérimente le défi physique et les limites du corps comme métaphores.
Depuis plusieurs années, Jean-Charles Massera développe des projets dans d’autres domaines culturels et sociologiques, pour lesquels il s’associe à des intervenants du monde culturel : théâtre avec Benoît Lambert, musique avec Pascal Sangla... Tout en gardant l’écriture comme medium premier (We Are l’Europe, Verticales, 2009), Massera dépasse le seul espace du livre et gagne d’autres supports qui sont autant de modes d’action. L’exposition Kiss My Mondialisation à l'IAC en 2010 présente ainsi des photographies, des vidéos, posters, clips et extraits radiophoniques. Détournant les panneaux d’affichage et les slogans publicitaires de la communication de masse, Massera utilise le vocabulaire du consumérisme et de la société marketing pour en dévoiler les impasses. Le propos est engagé, presque militant : comment confronter le discours « marketing & développement » qu’on nous sert en repeat à la réalité de nos vies ? Quelle identité forger dans la surenchère permanente de mots et d’images censés vendre ? Il s’agit pour Jean-Charles Massera de nous faire prendre conscience de l’artificialité dans laquelle nous baignons et à laquelle, sans nous en rendre compte, nous contribuons.
En 2022, Jean-Charles Massera publie, toujours aux éditions Verticales, Le monde comme il débloque, un recueil de textes écrits depuis une vingtaine d’années dans le cadre de performances ou de commandes radiophoniques, et dont l’oralité invente une forme de poésie contemporaine percutante.