Martine Neddam
Arrache-moi
1990
Of the series Orders
Installation
Gray polyester blended fabric , red and green cotton braid
70 x 150 cm
Créée en 1990, cette œuvre est représentative de la première période de production de l’artiste pendant laquelle elle s’intéresse au langage, à sa dimension performative et aux « speech acts » comme pratique artistique.
Constituée de lettres évidées dans un tissu tendu au mur, ce qui lui donne l’aspect d’un drapé de théâtre, l’injonction « arrache-moi » interpelle le spectateur par son autoritarisme. Cet ordre établit d’emblée une situation de communication où le texte est supposé connecter un émetteur et un récepteur. Mais la situation reste paradoxale ; car si le récepteur est connu, bien qu’anonyme (c’est nous en tant que regardeurs qui sommes interpelés par ce message), l’émetteur est quant à lui plus énigmatique, sans identité. Cette absence d’auteur manifeste, renforcée par le vide des lettres découpées du message, laisse planer un doute sur l’efficience de l’ordre autant que sur la nature de l’émetteur. Est-ce la draperie du texte qui parle et nous enjoint de l’arracher du mur ? Et si c’est le cas, est-ce que la matérialité veloutée et soyeuse du matériau ne contrarie pas le message péremptoire délivré ? C’est comme si l’ordre avait été vidé de sa puissance par le geste même du découpage et adouci par les qualités du tissu et de la couleur, suggérant ainsi deux types de communication mises en tension, les mots et le « vocabulaire plastique ».
Constituée de lettres évidées dans un tissu tendu au mur, ce qui lui donne l’aspect d’un drapé de théâtre, l’injonction « arrache-moi » interpelle le spectateur par son autoritarisme. Cet ordre établit d’emblée une situation de communication où le texte est supposé connecter un émetteur et un récepteur. Mais la situation reste paradoxale ; car si le récepteur est connu, bien qu’anonyme (c’est nous en tant que regardeurs qui sommes interpelés par ce message), l’émetteur est quant à lui plus énigmatique, sans identité. Cette absence d’auteur manifeste, renforcée par le vide des lettres découpées du message, laisse planer un doute sur l’efficience de l’ordre autant que sur la nature de l’émetteur. Est-ce la draperie du texte qui parle et nous enjoint de l’arracher du mur ? Et si c’est le cas, est-ce que la matérialité veloutée et soyeuse du matériau ne contrarie pas le message péremptoire délivré ? C’est comme si l’ordre avait été vidé de sa puissance par le geste même du découpage et adouci par les qualités du tissu et de la couleur, suggérant ainsi deux types de communication mises en tension, les mots et le « vocabulaire plastique ».