Françoise Vergier
Les Vacances de Monsieur Magritte
1990-1991
Bois de tilleul, huile, pâte de verre et verre
Françoise Vergier développe une œuvre singulière qui cultive l’étrange et le secret. À première vue, c’est le sentiment qui se dégage de l’installation Les Vacances de Monsieur Magritte. L’œuvre est avant tout poétique, sa signification se situe entre les éléments, dans leurs rapports internes, à l’instar d’ex-voto. Pour Françoise Vergier, l’œil est le centre de la création, comme de notre corps (« l’inclinaison du nerf optique est identique à l’axe du globe terrestre », dit-elle). L’œil au sol évoque autant celui des orants égyptiens que le Faux Miroir (1928) du peintre belge surréaliste René Magritte. « Dès le départ, lorsqu’à la fin de mes études, je me demandais comment faire quelque chose, une œuvre qui puisse être vue, ressentie par le regard d’un spectateur sans a priori... je me suis dit que je devais faire de la sculpture par « de l'image », en passant par « de l'image », comme Magritte l’avait utilisée pour la peinture ».
Mais cet œil est aussi celui de l’artiste, envisagé comme « voyant », adoré ou haï, parfois traité comme « le vilain petit canard, à qui l’on coupe la tête ». Le corps massif, recouvert de petits yeux en verre, est appelé également à se métamorphoser en œil plus gros que nature.
Le titre est également un clin d’œil au film de Jacques Tati, Les Vacances de Monsieur Hulot (1953). Pour Françoise Vergier, l’espace du film convoque à la fois le peintre vénitien Vittore Carpaccio, qui fut l’un des premiers à utiliser l'architecture comme vedute (de l’italien qui signifie "vue", « ce qui se voit »,
« comment on le voit ») et le catalan Joan Miró, notamment quand il peint La Ferme (1921). Un retour à la terre et au regard permanent.