Gilles Aillaud
Ours blanc
1981
Huile sur toile
190 x 150 cm
Fidèle à ses représentations d’animaux dans les zoos, Gilles Aillaud peint ici un ours blanc, semblant endormi, allongé sur une pierre. Comme souvent chez l’artiste, l’animal n’apparaît pas d’emblée. C’est le décor qui frappe d’abord le spectateur et principalement cet amas rocheux au premier plan qui pourrait laisser supposer un paysage naturel. Jouant des perspectives et des points de vue, l’artiste nous mène subtilement vers le second plan habité par l’animal pour finalement révéler la présence des murs et des fenêtres du zoo, révélant ainsi le dispositif scénique de ces espaces de captivité et notre double position de voyeur.
Les animaux de Gilles Aillaud sont souvent décrits comme las et passifs dans leur état d’incarcération et d’offrande au regard des visiteurs des zoos. Cependant, selon le peintre, « les animaux ont depuis longtemps renoncé à notre compagnie, d’abord en se dissimulant par toutes sortes de prouesses mimétiques, puis en diminuant en nombre jusqu’à l’extinction. Leur peuplement abandonne la vie au désert de nos supputations, et nous laisse seuls devant des traces incompréhensibles, chasseurs dénaturés en retard sur tout1 ».
1 Gilles Aillaud, "À Épicure", Dans le bleu foncé du matin, Paris, Christian Bourgois, 1987, p. 113.