Francis Alÿs
Sometimes Making Something Leads to Nothing
1998
[Parfois faire quelque chose ne mène à rien]
Suite de 7 photographies
6/6
Dans Sometimes Making Something Leads to Nothing – qui donnera lieu à la série de photographies de la Collection IAC, Villeurbanne / Rhône-Alpes, et à deux vidéos intitulées Paradox of Praxis : Sometimes Making Something Leads to Nothing, Sometimes Making Nothing Leads to Something [Paradoxe de la pratique : Faire quelque chose ne mène parfois à rien, ne rien faire mène parfois à quelque chose] (1997-1998) – Francis Alÿs déplace un lourd bloc de glace dans les rues de Mexico jusqu’à ce que celui-ci ait entièrement fondu ; ce qui adviendra au bout de sept heures. Cette action est de cette « simplicité » dont sait faire preuve Alÿs. Mais ce geste modeste, qui risque même de rester inaperçu, effectué volontairement dans la rue, se transforme en un événement hors du commun, et surtout philosophiquement signifiant sur l’inutilité de certains actes pourtant accomplis.
Cette œuvre est en quelque sorte un manifeste de l’artiste revendiquant la primauté de l’action sur le résultat. En effet, pour le flâneur (qu’est aussi essentiellement Alÿs) le plus important réside dans la déambulation, le déplacement et l’action qui en naîtra, dans un contexte où, par définition, aucune destination n’est définie à l’avance. Ainsi, seules l’errance libre et l’action gratuite sont pour Alÿs des moyens d’échapper au conditionnement des individus dans leurs déplacements quotidiens programmés, de rompre les trajectoires répétitives réputées nécessaires qui relient un point A à un point B.
De cette œuvre, Francis Alÿs dit : « Paradox of Praxis […] était un règlement de comptes avec la sculpture minimale. Parfois, faire quelque chose revient vraiment à ne rien faire ; et paradoxalement, parfois ne rien faire revient à faire quelque chose ».