La Fête dans l'île

Tirages au papier Fresson, les œuvres La Tribune, Les Ballons et La Fête dans l’île sont caractéristiques de cette atmosphère un peu surnaturelle créée par Bernard Faucon dans ses mises en scène photographiques oscillant entre lieu naturel et construction fictionnelle.

Avec La Tribune, un décor saisi dans le Luberon montre un paysage isolé et vierge de toute présence humaine. Trois rubans, noir, rouge et vert, sont accrochés au premier plan ; plus loin, des nuages de fumée fantomatiques (obtenus par une réaction chimique) s’échappent de la végétation. La lumière est créée et maîtrisée par un jeu de projecteurs et de panneaux réflecteurs. Il s’agit d’un événement imaginaire au sein d’un espace réel.
Dans Les Ballons, c’est encore le paysage du Luberon qui réunit un grand champ de lavande, un ciel clair et des ballons. Il se dégage de l’ensemble une impression de légèreté, « une cosmologie des beaux jours » selon les termes de l’artiste, comme une évocation de l’enfance.
Avec La Fête dans l’île, un paysage semblable est photographié à la tombée du jour, à cette heure incertaine « entre chien et loup », où le regard est attiré par un point de lumière au centre de l’image (guirlande lumineuse utilisée dans les fêtes, mais aussi début de brasier ?).

Réalisées à la même époque, ces photographies reflètent bien la conception qu’a Bernard Faucon de la photographie, qu’il relie directement à l’enfance, dans son rapport à l’éphémère et à la croyance, voire à la crédulité. L’ambiance mystérieuse et festive, mais vierge de toute présence humaine, la lumière, semblent immortaliser la perfection d’un instant et créent un monde imaginaire. Ces images sublimées d’un paradis perdu sont en cela empreintes d’une subtile mélancolie.