Armand Avril
Sans titre
1968
Huile sur toile
132 x 99 cm
Quand Armand Avril peint l’œuvre « Sans titre » en 1968, son langage plastique ne semble pas complètement révélé. C’est en mai de la même année qu’il débute ses « montages ». L’espace de la toile est saturé de couleurs assez vives, figurant une multitude de têtes approximatives, chacune imbriquée dans l’une des trente-deux cases qui structurent le tableau. Deux chats grossièrement dessinés servent de base à l’empilement.
Ce tableau assez brut et spontané, sorte « d’expression primordiale1», semble pourtant déjà annoncer les agencements méticuleux de ses premiers assemblages, « Les binettes », datés de 1971 et réalisés à l’aide de casiers d’imprimerie dans lesquels viennent se loger de petites têtes cubistes sculptées dans des bouchons. Portraits fragmentés de l’artiste, d’amis ou de voisins habitant le même immeuble ? Les lectures sont ouvertes et les propos de René Deroudille éclairants : « Avril participe au patrimoine des marionnettes lyonnaises qui, avec Guignol et Gnafron, surent défendre au moment de la révolte des Canuts, les salaires (…) d’un monde ouvrier affamé par les "Fabricants"2 ». En effet, son œuvre est délibérément engagée dans un contexte social et territorial très affirmé.
1 Citation empruntée à Henri Michaux et citée par Paul Gauzit et René Deroudille à propos du travail d’Armand Avril.
2 René Deroudille, texte d’introduction au catalogue de l’exposition d’Armand Avril du 9 au 30 avril 1974, Galerie Le Soleil dans la tête, Paris.