Les artistes ne se contentent plus seulement de copier le paysage et se sont mis aussi à le modeler, abandonnant l'espace fictif de la toile pour l'espace réel qu'ils sculptent, creusent, construisent, aménagent, cultivent. L'artiste se fait architecte, paysagiste, jardinier, maçon, sculpteur... Le land art est né de l'art conceptuel et du minimalisme aux Etats-Unis, où l'homme affronte encore à l'époque un espace qui n'a aucune mesure avec notre espace européen totalement occupé et où la place est comptée.
Si son point de départ est intellectuel, le land art renoue rapidement avec l'imaginaire et le sensible, avec le besoin pour l'homme de se fondre dans la nature, avec le romantisme. L'homme alors dialogue avec la nature, par son corps (Canole, Barbara et Michaël Leisgen), par ses empreintes (Denis Oppenheim et l'empreinte digitale de son fils). Si l'œuvre devient gigantesque, elle est par contre éphémère : les cercles circonscrits dans la neige d'Oppenheim encore. Le temps lui aussi modifie le paysage. L'artiste redécouvre la terre nourricière : la maison végétale de Simonds, la forêt replantée par Sonfist.
Trois attitudes départagent les artistes : les uns travaillent avec les matériaux du paysage, d'autres créent ou déconstruisent une architecture, les derniers inscrivent dans le paysage, les territoires de leur imaginaire.
Le land art correspond à un décloisonnement de l'art de l'époque, l'artiste refusant d'être enfermé dans une technique. L'art est surtout une attitude en face du monde qui peut se traduire de multiples manières. Jan Dibbets, par exemple, qui appartient au land art, est écrivain, photographe, peintre, artiste conceptuel.