L'IAC invite les artistes Galeries Nomades2020 à publier, ici, tout document ou commentaire de leur choix – photo, croquis, texte, notes, plan, mot, image, liens... – des « carnets nomades » qui restituent à un moment donné l'état de leur projet, de leur recherche, ou tout simplement de leur présent d'artiste. Cet espace pourra être actualisé au long cours, lors des différents temps précédant les expositions Galeries Nomades, à la manière d’un fil d’actualité Instagram.
Damien Fragnon
Né en 1987, Vit et travaille EN FRANCE
La chronologie de la nature
L’époque est à la performance, à la vitesse, aux actions qui produisent des évènements aussi médiatiques qu’éphémères. Damien Fragnon prend la position d'un laborantin amateur travaillant avec le processus Lamarckien des paradigmes du vivant. Tout en étant proche de la dualité humain/nature. Damien interpelle le spectateur sur notre résilience dans le cycle de la vie à travers la nature non urbanisée. Il crée des déplacements infimes. Il commence souvent une forme par une découverte scientifique qui l’aura questionné. Il la tord sous tous ses angles pour en sortir un matériau adéquat. Il tend ensuite à inventer une image sur la découverte scientifique. Quand Damien estime que son travail arrive à son terme, il essaye de trouver un endroit à l'extérieur pour laisser sa pièce s’imprégner du lieu et des intempéries. Son intérêt pour les écrits scientifiques et de science-fiction l’amène à créer des installations poétiques, farfelues parfois même visionnaires. Ses pièces témoignent d’une hybridation entre récit et science. Chaque dispositif est un récit, qui nous déplace dans un ici et un ailleurs. Il nous propose des histoires, notre histoire à nous réapproprier.
Regarder les rayons de soleil sur une pomme...
Entre de l’étonnant, de l’approximatif, de la sérendipité ou du pas fini.
Jouer sur l’ironie des situations tout en faisant mine de ne pas y toucher...
Être dans les nuages est ici une qualité utile pour quiconque désire en voir la nécessité. Les expériences ratées sont toutes aussi importantes qu’une installation à l’angle droit parfait. Le sérieux de la gaucherie, qui traverse ses narrations proposant de nouvelles interprétations du monde, nous emporte dans des rêveries légères où toucher, rigoler, contempler, devient quelque chose que l’on peut se permettre. Les installations douces et savantes sont traversées de mythologies quotidiennes, installées à mi-chemin entre la nature et l’urbain. La naïveté de l’installation et de « l’installateur » plaisantant avec des leurres insolents nous touche ! Les sculptures laissent comme une impression de « tomber de nulle part » qui ne relèvent pourtant pas du gag mais empruntent au contraire une certaine austérité à l’économie de moyens qui les fait se gondoler, s’effondrer ou se dissiper dans un sourire dès que l’on s’en approche un peu trop. Le récit éphémère qui les seconde nous fait voyager ici et là, offrant au visiteur quelques indices pour ouvrir le sens de ce qu’il regarde, mais n’offrant pas la possibilité de savoir si cela est réel. Chaque récit se termine avec le spectateur qui devient lui-même le producteur du récit.
George Gimenez, octobre 2019
Site internet : damienfragnon.com
Instagram : @damienfragnon
Résidence Galeries Nomades à Moly-Sabata du 1er juin au 10 juillet 2020.