Née en 1983 à Thonon-les-Bains (France)
Vit et travaille à MARSEILLE (France)
Formée à l'école des beaux-arts d'Annecy, Linda Sanchez intègre le Laboratoire des intuitions au sein de cette même école, où elle développe une approche expérimentale. Outre de nombreuses expositions, personnelles et collectives (dont Otium #3, à l'Institut d'art contemporain en 2018) l'artiste poursuit un travail de recherche qui se traduit par des conférences (par exemple avec l'anthropologue Tim Ingold en 2014), des résidences, des collaborations avec des scientifiques. Elle a également participé au Laboratoire espace cerveau de l'IAC en 2016. En 2017, Linda Sanchez est lauréate du Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo et de la Bourse Révélations Emerige.
En 2019, elle présente, avec Flora Moscovici, le projet dérobées, issu d’une résidence, à la Villa Arson, Nice.
La plupart des œuvres de Linda Sanchez découlent de procédures, de dispositifs d'observation qui peuvent s'apparenter a priori à une pratique de laboratoire. Néanmoins, son travail dépasse la pure expérimentation pour produire des œuvres d'une grande beauté formelle. Qu'il s'agisse de sculpture, d'installation, de vidéo, de dessin, le médium employé n'est jamais arbitraire, mais dépend au contraire du cheminement qui préside à l’œuvre. S'engage un dialogue avec la matière et ses potentialités dynamiques, comme une négociation constante entre forme et force.
Les processus mis en œuvre par l'artiste explorent ainsi des phénomènes divers : croissance (30 cm, 2009), contamination (Colonie, 2016, où des objets sont progressivement envahis par du lichen), réactions en chaîne, effets de gravité
(La détente II, 2015) ou encore des effets de surface, tel cet incroyable Tissu de sable (2006), qui malgré une grande évidence formelle soulève des questions au croisement de l'histoire de l'art, de la philosophie et de la géologie. Tantôt c'est l'observateur qui déclenche le phénomène, (comme dans La détente (2006) où le visiteur en entrant faisait chuter une mer de feuilles de papier), tantôt c'est le temps ou une réaction imperceptible. L’œuvre oscille toujours entre la maîtrise technique, qui constitue le cadre du dispositif, et une sorte de « déprise », de laisser-faire, donnant libre cours au hasard.
Si le travail de Linda Sanchez peut être qualifié d'empirique, il ne s'agit pas de produire un discours scientifique. Il y a chez elle la volonté d'explorer les structures et les processus qui régissent notre espace physique, mais toujours avec les moyens artistiques qui sont les siens, en faisant appel à l'imaginaire :
ce qui peut donner lieu à un mélange des genres entre les différents règnes, animal, minéral et végétal. Ainsi une goutte d'eau peut adopter le caractère d'un prédateur, une mousse se confondre avec la pierre, et le sable prendre l'apparence d'une peau. Robert Musil écrit dans L'homme sans qualités :
« Nous sommes une matière qui épouse toujours la forme du premier monde venu ».