Né en 1957 à Melun (France)
Vit et travaille à Lyon
Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Valence et de Lyon, Gilles Lecoffre commence sa carrière de peintre au début des années 1980. Ses œuvres sont prioritairement montrées dans la région Rhône-Alpes, par exemple dans les expositions Proposition II (1982) au Nouveau Musée en 1982, La Peinture refigurée au Musée de Brou à Bourg-en-Bresse en 1984, aux Ateliers Fantasques à Lyon dans le cadre d’Octobre des Arts en 1986 ou Peintures 88-90 à la Maison des expositions de Genas en 1990, mais aussi dans la région parisienne dans l’exposition Qu'est-ce qu'un Frac ? 100 œuvres – 75 artistes à la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques en 1984. En 2015 il fait partie de l’exposition Un regard sur la scène artistique lyonnaise du XXe siècle qui est présentée au Musée des Beaux-Arts de Lyon.
Dès le début de sa carrière, Gilles Lecoffre se montre très conscient de la crise que traverse alors la peinture : « Avec l’extension des nouveaux médias, sa situation me faisait penser à celle d’un mourant dont tout le monde vient s’exclamer qu’il a le teint frais » (entretien de Gilles Lecoffre avec Alain Rerat, dans le catalogue Gilles Lecoffre : Peintures 1994. Lyon : Galerie Verrière, 1984, p. 4). Le peintre s’attelle donc à la tâche d’ « éprouver la pertinence de ce matériau archaïque » (ibid.), et pour cela tente de renouveler la figuration. Ses œuvres présentent une tension permanente entre le choix de sujets traditionnels et le caractère sombre, tourmenté, et tendant vers l’abstraction, de sa peinture. Elles sont également un mélange de détermination et de hasard. Le travail de Gilles Lecoffre est en effet réfléchi, puisque chaque sujet est traité plusieurs fois, mais l’artiste laisse sa place à l’aléatoire dans la réalisation. La toile est tout d’abord agrafée au mur : le relief du mur est donc déjà imprimé sur le support, de même que les traces d’encollage. Au moment de peindre, l’artiste peut choisir de tenir compte de ces marques aléatoires. Ensuite, chaque toile est peinte avec les restes de peinture de la toile précédente. Enfin, la couleur dominante de l’image dépend de l’inspiration du moment et n’obéit pas à une intention préétablie. Parmi les sujets privilégiés par Gilles Lecoffre, il y a la représentation du peintre et de son modèle (par exemple dans Studio at night [Studio de nuit], 1984), qui, au-delà d’un sujet immémorial, est la représentation autobiographique des doutes de l’artiste face à son travail. La nature morte revient fréquemment aussi : son intemporalité permet de fixer l’attention du spectateur sur sa mise en scène. L’une des toiles de 1984 représente une nature morte de fruits et porte le titre The right place [La bonne place], qui paraît renvoyer à la manière classique, peut-être éternelle, de peindre un fruit. Une façon de signifier que les sujets sont maintes fois éprouvés, mais que leur mise en scène peut les renouveler. Ici, comme souvent chez Gilles Lecoffre, le tableau est sombre, traversé d’éclairs de peinture bleus, verts ou bruns. La tension entre deux aspirations contradictoires et le déséquilibre recherché semblent être les caractéristiques essentielles de l’œuvre de Gilles Lecoffre, puisqu’il peint jusqu’à sentir dans sa toile un basculement vers une nouvelle thématique, une nouvelle piste à explorer. Le tableau est alors achevé, il demeure sur une question en suspens, qui est à résoudre dans le tableau suivant.