Née en 1976 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne)
Vit et travaille à Paris et à Berlin
Katinka Bock est une artiste allemande installée en France depuis de nombreuses années. Elle obtient un post-diplôme de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2005. Dense et dynamique, son parcours artistique s’est construit entre son pays natal et la France. Remarquée pour son travail de sculpture « avant-gardiste », elle reçoit en 2012 le 14e Prix de la Fondation Ricard en France et le Prix Dorothea von Stetten en Allemagne. Elle est également résidente à la Villa Médicis pour l’année 2012-2013, et expose pour la seconde fois en solo au Mamco de Genève (Katinka Bock: 40 Räuber, du 16 octobre 2013 au 12 janvier 2014). En 2018, elle réalise un important cycle d’expositions, Tomorrow’s Sculpture, présenté en trois volets, trois temps et trois lieux : Kunstmuseum Winterthur (Sonar), Mudam Luxembourg (Smog) et Institut d’art contemporain, Villeurbanne (Radio). En 2019, Katinka Bock fait partie des artistes nommés pour le Prix Marcel Duchamp. Elle présente sa première exposition institutionnelle parisienne : Tumulte à Higienópolis à Lafayette Anticipations. Parallèlement, elle est commissaire de l’exposition Le Marbre et le sang : Regard sur la Collection IAC par l’artiste Katinka Bock à Bourg-en-Bresse, dans deux lieux, H2M – Espace d’art contemporain et Monastère royal de Brou.
En 2020, dans le cadre de L’art dans les chapelles en Bretagne, Katinka Bock investit la Chapelle Saint-Adrien à Saint-Barthélemy.
Les sculptures, les actions performatives ou les installations de Katinka Bock sont toujours le résultat d’une expérience liée à un lieu spécifique dont elle aurait sondé les conditions physiques et matérielles tout en explorant leur dimension historique, politique et sociale.
Son intérêt pour la mesure et le lieu se traduit dans la formulation d’hypothèses préalables au travail de sculpture, par des questionnements sur l’idée a priori du lieu, sur sa persistance dans le temps ou son changement en fonction du vécu1. Cette recherche in situ se formalise dans des matériaux simples et souvent basiques comme l’argile, le sable, la pierre, la craie, le bois, le métal ou même l’eau et l’air, choisis pour leurs qualités physiques. Elle les utilise aussi pour leur capacité à rendre compte d’un processus d’élaboration et d’une temporalité passée ou à venir.
De ces interactions entre les questions soulevées par l’artiste, le contexte du travail et le choix des matériaux, naissent des œuvres comme Miles and Moments, très remarquée pendant la Biennale de Lyon en 2011. Cette œuvre emblématique de la démarche de l’artiste, réalisée en 2010 lors d’une résidence au Musée d’art contemporain de Détroit, est une sculpture au sol, composée de six rouleaux de terre cuite impactés par des pneus de voitures. La sculpture tisse des liens subtils entre la ville de Détroit, son passé industriel et artisanal, et la situation géographique du musée, installé à proximité d’une six voies, artère principale de la ville.
Si le travail de Katinka Bock poursuit une certaine histoire de l’art et de la sculpture occidentale récente, marquée par le process art, l’art in situ ou même l’Arte Povera, il ouvre également la sculpture à une forme démultipliée, polysémique et « reliée », mettant ainsi en perspective le rapport à l’altérité et la question du lien, qui sont au cœur des préoccupations de l'artiste.
L’implication du corps et l’articulation de l’espace et du langage se sont peu à peu affirmées dans la démarche de Katinka Bock. Au-delà de l’empreinte de courants artistiques, son travail « […] a ceci de fascinant qu’il s’appuie sur des choses extrêmement concrètes, dans [sa] relation aux matériaux, aux gestes, aux formes, à l’espace, au temps, tout en ouvrant sans cesse vers un ailleurs – vers quelque chose de beaucoup moins saisissable, qui relève souvent de l’absence, de l’immatériel, de l’horizon2. »
1 France Culture, Plateformes, Les Arts et Lettres, Katinka Bock, « Entre deux », émission radiophonique animée par Patrick Javault, diffusée en mars 2011, http://www.franceculture.fr/plateformes-katinka-bock-«-entre-deux-»-katinka-bock-«-entre-deux-».html
2 Christophe Gallois, « Où se termine la mer ? Entretien avec Katinka Bock », in : catalogue Tomorrow’s Sculpture : Sonar, Smog, Radio. Amsterdam : Roma Publications ; Winterthur : Kunst Museum Winterthur ; Luxembourg : Mudam Luxembourg ; Villeurbanne : Institut d’art contemporain, 2019, p. 78.