Né en 1972 à Sarcelles (France)
Vit et travaille à Paris
Diplômé en 1997 de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et résident de la Villa Médicis à Rome en 2011-2012, Dove Allouche élabore depuis le début des années 2000 un corpus d’œuvres traversé par les notions de temps et d’expérience de l’invisible. Mêlant photographies, dessins et gravures, son travail recourt à des techniques rares et complexes de production d’une image, ces méthodes ainsi que le résultat obtenu empruntent ainsi fréquemment à une forme de rigueur scientifique. Son œuvre a été notamment exposée au LaM de Villeneuve d’Ascq (2011), au Palais de Tokyo et à la Biennale de Rennes (2012), ainsi qu’au Centre Pompidou (2013).
En 2003, après qu’un gigantesque incendie a ravagé une forêt d’eucalyptus au Portugal, Dove Allouche se rend sur place afin de réaliser cent quarante clichés du site carbonisé. Pendant cinq années, il produit à partir de ses photographies une série de cent quarante dessins d’une grande virtuosité, au crayon de graphite, intitulée Mélanophila (2003-2007), temps durant lequel la forêt a pu retrouver sa splendeur originelle. Le temps, question récurrente dans son travail, est également au centre du Temps scellé (2006). Dans cette série de treize photographies, l’artiste est allé rechercher les lieux de tournage du film d’Andreï Tarkovski, Stalker (1979), afin de les photographier avec le même cadrage et dans la même lumière près de trente ans après. Si la littérature et le cinéma infusent la première partie de l’œuvre de Dove Allouche, la science devient de plus en plus présente dans son travail au fil des années. Qu’il se fonde sur des expérimentations scientifiques ou sur la documentation de phénomènes naturels, ce corpus d’œuvres de l’artiste s’accompagne également de l’emploi de techniques oubliées de prises de vues photographiques ou de gravures. La série Déversoirs d’orages, réalisée en 2009, s’intéresse au réseau égoutier de Paris tout en réactualisant la technique de l’héliogravure, celle-ci étant contemporaine de la fondation du système des eaux usagées. Avec Les Pétrifiantes (2012), l’artiste réalise des ambrotypes afin de rendre compte du long travail de sédimentation à l’œuvre dans les sources souterraines. Enfin, Spores (2014), et plus récemment Funghi (2017) documentent l’évolution de champignons invisibles à l’œil nu dans différents milieux. La première série donne à voir leur présence dans l’air ambiant, la seconde nous fait découvrir leur particularité de se nourrir de la matière des œuvres d’art. Un autre aspect, essentiel, du travail de Dove Allouche se fait alors jour : non pas uniquement révéler l’existence de processus biologiques jusque-là invisibles mais également en exalter la beauté étrange et abstraite.