Né en 1942 à Urbana (ILLINOIS, États-Unis)
décédé en 2022 à New York (État de New York, ÉTATS-UNIS)
Artiste, théoricien, photographe, vidéaste ou encore architecte, Dan Graham compte parmi les figures les plus importantes de l’art d’après 1965, une période charnière qui marque les débuts des néo avant-gardes comme l’art minimal et l’art conceptuel. L’œuvre de Dan Graham a été exposée dans les plus prestigieuses institutions internationales, comme le Centre Pompidou (Paris), la Tate Modern (Londres), le MoMa (New York), ainsi que lors de la documenta 7 de Cassel en 1982.
Si les premiers travaux de Dan Graham s’inscrivent pleinement dans cette double filiation, minimale, et conceptuelle, les développements qu’ils prennent par la suite s’en démarquent nettement, aussi bien formellement qu’idéologiquement, s’intéressant davantage à la place de l’art dans l’espace public et à la fonction sociopolitique qu’il peut y occuper. Après une brève expérience comme galeriste à la Green Gallery à New York en 1964, l’artiste commence à réaliser des œuvres à caractère conceptuel, utilisant notamment le livre et l’imprimé comme modalités importantes de visibilité de l’art. Ainsi, ses premières œuvres comme Scheme (1965) et Schema (1966) sont publiées dans divers périodiques et se présentent comme des pages isolées dont l’énoncé linguistique n’est autre que le descriptif de ses propriétés physiques (qualité du papier, taille des caractères, nombre de mots, etc.). Cette conception « informationnelle » de l’art se retrouve aussi dans son projet le plus fameux intitulé Homes for America (1966-1989), où l’artiste mène une sorte de reportage entre journalisme et étude sociologique (avec photographies et texte descriptif) sur les pavillons de l’après-guerre construits en série aux Etats-Unis.
Son intérêt pour le vernaculaire ainsi que la culture populaire conduisent Dan Graham à consacrer un texte, lu lors de conférences, puis une vidéo, à la musique rock. Rock My Religion (1979-1983), œuvre désormais iconique, envisage le rock comme une nouvelle religion et les prestations scéniques de ses principaux protagonistes (Patti Smith, Jerry Lee Lewis, les Rolling Stones, etc.) comme de véritables « performances ». Une part importante de son œuvre repose également sur la création d’installations ou de dispositifs jouant sur la propre expérience du corps du spectateur dans l’espace. Dans Public Space/Two Audiences (1976) par exemple, le spectateur prend conscience de son corps et de son statut de sujet percevant sa propre image ou celle des autres visiteurs, par un jeu habile de vitres, miroirs et écrans de télévision.
Dès la fin des années 1970, Dan Graham concentre son travail autour de la conception de modèles architecturaux (souvent appelés « pavillons ») produisant une expérience sensorielle selon les conditions de lumière (transparence, effets miroirs). Œuvres hybrides où se croisent architecture, design et sculpture, ces structures de métal et de verre (réalisées ou non, ne restant que des maquettes) sont souvent intégrées à l’espace public (dont une à Paris, datant de 2006) afin de perturber la perception qu’en ont les passants. Parmi les plus célèbres, nous pouvons citer son Two Adjacent Pavilions (1979) ainsi que le Children’s Pavilion (1986–89) coréalisé avec l’artiste canadien Jeff Wall.