Cette exposition ne se limite évidemment pas à un constat en négatif, pas plus d’ailleurs qu’elle ne restitue l’image d’une interdisciplinarité consensuelle. Elle propose en plutôt les termes dun chantier permanent dont l’enjeu reste avant tout d’ordre esthétique et critique. Cette exposition propose des pratiques, des positions et des projets. Elle peut être envisagée comme lieu de confrontation mais aussi comme terrain d’entente.
Les points de jonction entre les conceptions artistiques et architecturales ne manquent pas. Les propositions d’architectes liés à la position déconstructiviste ne sont pas sans rappeler certaines tendances d’un art contemporain qui s’inscrit dans une relecture du modernisme. Les architectes attachés à l’idée de déconstruction sont largement représentés dans l’exposition par Zaha Hadid, Coop Himmelblau, Bernard Tschumi, Morphosis ou Daniel Libeskind. Leurs positions reposent sur l’implication contextuelle des procédures de contruction, sur des expérimentations liées à la perception du temps et de l’espace, sur la remise en cause des modes de production et des statuts. Leur pensée se démarque de la tendance fonctionnaliste et de l’éclectisme historiciste. Elle est comparable par certains aspects à celles d’artistes contemporains, tels Sol LeWitt, Dan Graham, Daniel Buren, John Knight, voire François Morellet.
L’exposition Artistes / Architectes montre clairement le souci de plusieurs générations successives d’artistes d’interroger sérieusement la ville construite et de disséquer au moyen de l’œuvre d’art ce qu’elle dit politiquement ; elle dit en regard le profond désir des architectes d’échapper aux seules contraintes de la productivité ou des commandes et de conserver ainsi le pouvoir de créer et de produire dans le cadre d’une historicité assumée, revendiquée.