Née en 1956 à Folkestone (ANGLETERRE, ROYAUME-UNI)
Vit et travaille à Bruxelles (Belgique)
Le travail d’Ann Veronica Janssens est montré sur la scène internationale depuis le début des années 90. Elle a représenté la Belgique (avec Michel François) à la 48e Biennale de Venise en 1999 et exposé dans de nombreuses institutions, notamment en France, en Belgique, en Allemagne ainsi qu’aux États-Unis.
En 2017, Ann Veronica Janssens présente l’exposition monographique mars à l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne, puis expose également au SHED – Centre d’art contemporain de Normandie et à Kiasma, Helsinki. Ces trois expositions donnent lieu à l’édition d’un important catalogue. En 2020, Ann Veronica Janssens présente l’exposition monographique Hot Pink Turquoise au Louisiana Museum of Modern Art au Danemark, avec là encore publication d’un catalogue conséquent.
En 2023, Pirelli HangarBicocca, Milan, invite Ann Veronica Janssens à présenter Grand Bal, une rétrospective de quarante ans de carrière, avec des projets historiques et de nouvelles productions.
Ann Veronica Janssens développe depuis la fin des années 70 une œuvre expérimentale qui privilégie les dispositifs in situ et l’emploi de matériaux volontairement très simples, voire pauvres (bois aggloméré, verre, béton) ou encore immatériels, comme la lumière, le son ou le brouillard artificiel. À travers des interventions dans l’espace urbain ou muséal, l’artiste explore la relation du corps à l’espace, en confrontant le spectateur (voire en l’immergeant) à des environnements ou dispositifs qui provoquent une expérience directe, physique, sensorielle, de l’architecture et du lieu, et qui renouvellent à chaque fois et pour chacun l’acte de percevoir.
Les premiers travaux d’Ann Veronica Janssens étaient – c’est ainsi que l’artiste les nomme – des « super espaces » : « des extensions spatiales d’architectures existantes », « des lieux de captation de la lumière, écrins de béton et de verre, d’espaces construits comme des tremplins vers le vide » (in Ann Veronica Janssens, Musée d’art contemporain de Marseille, 2004). Un vide que l’artiste voulait « mettre en mouvement, lui conférant une sorte de temporalité ». Dans cette réflexion sur le vide et à travers des dispositifs minimalistes, les œuvres de l’artiste ont pour objectif de déstabiliser les habitudes perceptives, de fluidifier ou densifier la perception, en jouant avec la matérialité, grâce à la lumière.
Les recherches d’Ann Veronica Janssens ont ainsi, au cours du temps, conduit l’artiste à expérimenter diverses modalités plastiques propres à perturber la perception : du miroitement des surfaces aux couleurs mouvantes de matériaux chimiquement sensibles à la lumière, en passant par les mélanges instables de matières et les effets hypnotiques de séquences lumineuses alternées.
Pour l’exposition Collection(s) 08 (8 février – 13 avril 2008), l’Institut d’art contemporain a invité Ann Veronica Janssens à recréer son Cabinet (en croissance) ou laboratoire pour ce que l’artiste nomme des « essais », depuis les projets jusqu’aux œuvres finalisées, des maquettes aux expérimentations. Les travaux présentés dans cette salle expérimentale ont cristallisé une donnée fondamentale de la démarche d’Ann Veronica Janssens : le temps qui s’écoule durant l’expérience du spectateur participe de la sculpture, de même que l’espace tout entier qui accueille l’œuvre (exemple : Blue, Red and Yellow, 2001, sculpture-matrice des futures environnements à brouillard coloré).
Avec les œuvres d’Ann Veronica Janssens, le spectateur est confronté à la perception de « l’insaisissable » et à une expérience sensorielle où il franchit le seuil de la vision claire et maîtrisée, où il perd le contrôle de ses sens. Il s’agit d’une déconstruction de l’objet, « au-delà du miroir », au sens où le spectateur est ramené de façon tout à fait fondamentale à son corps et à ses émotions perceptives profondes, à une expérience active de la perte de contrôle, de l’instabilité, qu’elle soit visuelle, physique, temporelle ou psychologique. L’usage du brouillard artificiel va dans ce sens et les œuvres qui l’utilisent plongent le spectateur dans une situation où la perte de repères ouvre un espace imaginaire, vide de matière, où le corps bascule hors du temps et de l’espace.