Né en 1926 à Cholet (france)
DÉCÉDÉ en 2016 À CHOLET
François Morellet est l’un des grands représentants de l’abstraction géométrique radicale en France, qu’il développe depuis le début des années 1950.
François Morellet n’a pas de formation académique, il est initié à la peinture par sa famille et la pratique d’abord « en amateur », posture qu’il revendique1. L’abstraction, il la découvre au Musée de l’Homme, sur des tissus océaniens recouverts de motifs géométriques à bords perdus (anticipant le principe que les peintres abstraits américains appelleront all-over), puis chez les artistes concrets suisses. Menant une double vie d’entrepreneur dans l’usine familiale de jouets en Loire-Atlantique et d’artiste international dès les années 1960, il fait partie du G.R.A.V., Groupe de Recherche d’Art Visuel, réunissant des artistes intéressés par le cinétisme qui mène à une immersion du visiteur, rendu plus actif du fait de la perte des repères.
Morellet met peu à peu en place ses principes : systèmes, répartitions aléatoires, adhésifs éphémères, « désintégrations architecturales », « tableaux déstabilisés»,« géométrees », etc. Principes qu’il ne cessera ensuite de développer et de renouveler par des variantes et améliorations. Les caractéristiques majeures de ces principes sont la neutralité et le systématisme. La ligne de conduite de Morellet : « Réduire au minimum mes décisions arbitraires [...] Pour limiter ma sensibilité d’« Artiste », j’ai supprimé la composition, enlevé tout intérêt à l’exécution et appliqué rigoureusement des systèmes simples et évidents qui peuvent se développer soit grâce au hasard réel, soit grâce à la participation du spectateur2 » Ainsi, ce sont des listes aléatoires de nombres et de valeurs ou des règles mathématiques qui déterminent positions et angles des lignes tracées par l’artiste. Ce qui fait la particularité de l’œuvre de François Morellet, c’est qu’il a su mêler à cette radicalité, des facéties et un humour tout droit hérités des Dadaïstes, rompant avec la rigueur orthodoxe du minimalisme et de l’abstraction géométrique. Ses titres et ses principes de départ en témoignent : palindromes, réinterprétation en néons des Cathédrales de Rouen de Monet, animation de La Joconde, numéros de l’annuaire téléphonique pris comme points de départ, etc. Mêlant précision, sérieux, aléatoire, radicalité et jeux de mots, dérision de l’histoire de l’art, Morellet s’amuse à tordre et détordre ses propres systèmes pour perdre le spectateur dans ses lignes et ses formes enchevêtrées, jusqu’à l’infini.
1 La grande exposition que lui consacre le musée d’Angers en 1997 est titrée François Morellet (peintre amateur), 1945-1968.
2 Cité par Alfred Pacquement dans l’album François Morellet, Réinstallations, Paris : Éditions du Centre Pompidou, 2011.