Né en 1949 à Châtillon-sur-Seine (France)
Vit et travaille à Paris
Le travail de Bertrand Lavier a atteint une reconnaissance internationale et l’artiste s’est imposé comme l’une des figures incontournables de la postmodernité. L’artiste participe à des expositions majeures comme la documenta (les documenta 7 et 8, de 1982 et 1987), les biennales de São Paulo, Sydney, Venise, et devient l’une des figures les plus importantes de sa génération. La rétrospective Bertrand Lavier, depuis 1969, est présentée en 2012 au Centre Pompidou. Dans l’esprit d’hybridation et de transposition qui caractérise son travail, avec les différents « chantiers » qu’il mène de front, il réalise en 2013 le grand portail d’entrée de la Fondation Vincent Van Gogh (Arles). De même, en 2016, la Monnaie de Paris accueille l’exposition Merci Raymond par Bertrand Lavier, où il rend hommage à Raymond Hains et joue des correspondances visuelles et verbales entre les deux démarches artistiques. En 2019, Bertrand Lavier crée un jardin-atlas devant le MO.CO à Montpellier, en collaboration avec Gilles Clément.
Après des études d’horticulture à Versailles, Bertrand Lavier démarre son activité artistique au début des années 1970, avec notamment des diptyques rapprochant deux couleurs industrielles nettement dissemblables bien que partageant la même appellation. De sa formation, il dit avoir gardé le goût de l’hybridation et commence dès lors ses « chantiers » où il s’attache à brouiller les catégories traditionnelles de l’art, travaillant à rendre indiscernable la frontière entre peinture et sculpture ou bien déplaçant des objets issus de la culture populaire ou industrielle dans le champ institutionnel artistique.
Dès 1981, Bertrand Lavier recouvre d’une épaisse couche de peinture des objets du quotidien tout en reproduisant leurs couleurs originelles et leurs détails. Mademoiselle Gauducheau (1981), un placard métallique, est un exemple parmi d’autres d’objet manufacturé repeint où Lavier joue de l’ambiguïté entre œuvre et objet, la limite ténue entre art et non-art.
Après les « objets peints », viennent les « objets superposés », comme avec Brandt/Haffner (1984) où il fait reposer un réfrigérateur sur un coffre-fort, et les « objets soclés » où il expose, selon les dispositifs de monstration muséaux, des objets comme un skateboard, une serrure ou de la statuaire africaine.
Avec les fameuses Walt Disney Productions (commencées au milieu des années 1980), Bertrand Lavier crée en trois dimensions les œuvres d’art et le décor d’un épisode, paru en 1977, du Journal de Mickey. Tel un archéologue de l’âge industriel, il expose aussi bien une voiture accidentée (Giulietta, 1993) qu’un fragment de pylône électrique.
En 2000, l’artiste crée sa fameuse série des Vitrines, qui recompose des peintures - et des images littérales de peinture - à partir de photographies de vitrines passées au blanc d’Espagne (lors de travaux), scannées sur toiles et tendues sur châssis. Ce n’est pas l’effet expressionniste (involontaire) qui intéresse l’artiste mais le processus expressif du signe et la traduction qui peut en découler, avec les jeux stylistiques et les déplacements de sens.
Conceptuelle et ludique, souvent inscrite dans le prolongement critique de Marcel Duchamp et des Nouveaux Réalistes, l’œuvre de Bertrand Lavier questionne, souvent avec humour, les mécanismes d’attribution de valeur qui innervent le monde de l’art.