Née en 1947 à Saint-Étienne (France)
Vit et travaille à Paris, Los Angeles et New York (France, États-Unis)
ORLAN réalise ses premières performances au milieu des années 1960 mais c'est surtout à partir des années 1970 que son œuvre se développe véritablement. Dès l'origine, son travail s'oriente vers les questions du genre, des dogmes culturels liés au corps, aux stéréotypes féminins, aux critères de beauté. La triade mère/sainte/putain est alors au cœur de sa réflexion artistique. Utilisant les symboles de la domesticité féminine, elle détourne violemment les codes de la société pour interroger sa structure.
Alors que son travail est principalement montré en région Rhône-Alpes (d'où elle est originaire), il prend, en 1977, une ampleur nationale grâce à une performance qu'elle réalise à Paris lors de la FIAC au Grand Palais et qui suscite de vives réactions. Pour Le baiser de l'artiste, ORLAN, postée derrière une reproduction de son buste nu transformé en distributeur automatique, vend ses baisers à qui introduit 5 francs dans la machine1. Sa position préfigure l'engagement corporel qu'elle n'aura de cesse de mettre en jeu et qui trouvera sa forme paroxystique dans les années 1990. À cette période, elle réalise une série de performances, La Réincarnation de Sainte Orlan (1990-1993), qui consiste en neuf interventions de chirurgie esthétique qui remodèlent son visage en s'appuyant sur les représentations des femmes dans l'art occidental. Puis en novembre 1993, elle réalise Omniprésence, une performance/opération durant laquelle elle se fait poser deux implants au niveau des tempes. Filmée, l'intervention est diffusée simultanément à la galerie Sandra Gering de New York, au Centre Georges Pompidou de Paris, au Centre Mac Luhan de Toronto et au Centre multimédia de Banff (Canada). Ces dernières années, le Frac Pays de la Loire, le Centro de la Fotografia de Salamanque, le Centre National de la Photographie de Paris ou le Musée d'art Moderne de Saint-Étienne lui ont, entre autres, consacré des expositions rétrospectives.
ORLAN, pour qui la problématique corporelle est centrale, a toujours souhaité démarquer sa pratique de celles liées à l'art corporel et au Body Art. Elle développe une réflexion autour de ce qu'elle nomme « l'Art Charnel » dans son manifeste. Elle écrit ainsi : « L'Art Charnel est un travail d'autoportrait au sens classique, mais avec des moyens technologiques qui sont ceux de son temps. Il oscille entre défiguration et refiguration. (...) Contrairement au « Body Art » dont il se distingue, l'Art Charnel ne désire pas la douleur, ne la recherche pas comme source de purification, ne la conçoit pas comme Rédemption. (...) l'Art Charnel n'est pas l'héritier de la tradition chrétienne, contre laquelle il lutte ! Il pointe sa négation du « corps-plaisir » et met à nu ses lieux d'effondrement face à la découverte scientifique2».
1 Pour la même somme les spectateurs pouvaient également brûler un cierge devant une photographie grandeur nature de l'artiste en Madone.
2 ORLAN, L’Art Charnel : http://www.orlan.eu/bibliography/carnal-art/