PIERRE MINOT, NÉ EN 1948 À LYON (FRANCE). VIT ET TRAVAILLE À LAMURE-SUR-AZERGUES (FRANCE)
GILBERT GORMEZANO, NÉ EN 1945 À FIGUERA-DA-FOZ, PORTUGAL – DÉCÉDÉ EN 2015
Depuis 1983, Pierre Minot et Gilbert Gormezano se sont engagés ensemble dans une recherche artistique autour de la nature et du corps. Leurs travaux ont été présentés dans de nombreuses expositions en France et à l’étranger. En mai 2003, notamment, la Bibliothèque Nationale de France leur a consacré une rétrospective, intitulée Le Chaos et la Lumière, sur la base des œuvres réalisées entre 1983 et 2001. En 2009, l’exposition L’Ombre, le Reflet à la Maison Européenne de la Photographie retrace l’itinéraire photographique accompli par les deux artistes entre 2002 et 2007, éclairé par leur rencontre avec le philosophe Robert Misrahi (spécialiste de Spinoza). Cette œuvre élaborée en commun pendant plus de trente ans a pris fin avec la disparition de Gilbert Gormezano en 2015.Les prises de vue de Minot & Gormezano sont envisagées comme de multiples expérimentations du cadre naturel. Au fil de leurs voyages, les deux artistes s’inspirent des lieux qu’ils traversent pour composer des photographies au sein desquelles paysage et corps semblent fusionner. Le corps nu de Pierre Minot y est mis en situation, comme instrument d’appréhension de l’espace. La construction de l’image dépend alors des facultés d’imitation (au sens d’imprégnation) du corps par rapport aux structures, formes, matières et lumières du lieu. Ces expériences photographiques en paysage montagneux contraignent l’homme à modeler son corps et ses positions de manière à se confondre avec la terre et la roche.
Les photographies de Minot & Gormezano se présentent souvent comme des énigmes à déchiffrer avec toujours plusieurs niveaux de lecture possibles. L’union du corps de Pierre Minot avec des espaces minéraux peut convoquer les visions d’un espace autant réel qu’imaginaire : la mythologie grecque et les mythes mettant en scène la création du monde ou les relations des Hommes et des Dieux par le biais de phénomènes naturels. L’œuvre devient également un objet d’étude, une réflexion sur l’histoire de l’art : la composition permet de dramatiser le corps et le choix du noir & blanc offre à l’ensemble un caractère particulièrement pictural, proche du dessin ou de la gravure (que les artistes pratiquent aussi). Souvent organisées en séries, diptyques ou triptyques, les images produites sont traversées par une attente contemplative accentuée par l’utilisation de la lumière, qualifiée par certains critiques de « spirituelle » et de
« sacrée ».
Les œuvres les plus récentes semblent se détourner de la nudité, du détail anatomique et de leur caractère sculptural pour se tourner davantage vers l’évocation du corps humain, dans sa fragilité, sa présence anonyme en tant que silhouette, ou même seulement en tant qu’ombre portée.